Des avocats de la partie civile ont réclamé jeudi un nouvel examen psychiatrique d'Anders Behring Breivik sur la foi d'avis d'experts estimant que l'extrémiste de droite, auteur des attaques du 22 juillet en Norvège, n'était pas psychotique contrairement à des conclusions officielles.
Dans une lettre publiée par le tribunal d'Oslo, les avocats de 56 survivants et proches de victimes mettent en question le diagnostic rendu l'an dernier par deux experts-psychiatres pour qui Behring Breivik souffre de "schizophrénie paranoïde", un diagnostic qui devrait lui permettre d'échapper à la prison. "Plusieurs des parties civiles qui l'ont vu à Utoeya l'ont trouvé cynique et rationnel et jugent que cela est peu compatible avec le fait qu'il serait psychotique", écrivent les avocats. Parmi leurs remarques, les avocats de la partie civile font aussi valoir que trois psychologues et un psychiatre chargés du suivi de Behring Breivik en prison ont, selon les médias, dit ne pas avoir relevé de signes de "schizophrénie paranoïde" ni de tendance suicidaire, et qu'il ne nécessitait pas de médicaments.
Dans une démarche séparée, plusieurs autres représentants des parties civiles ont aussi demandé un nouvel examen. Mais tous ne sont pas du même avis. "Aucun de mes clients n'a exprimé le souhait de voir de nouveaux experts être désignés", a indiqué l'avocat Christian Lundin, qui représente 67 plaignants. "L'affaire semble être suffisamment bien documentée", a-t-il dit. "La désignation de nouveaux experts accroîtrait les risques d'un report du procès, ce qui serait préjudiciable pour les victimes et leurs proches".
Ni la défense ni le Parquet ne souhaitent non plus une autre expertise: les avocats jugent le rapport existant suffisamment étayé tandis que les procureurs font valoir Behring Breivik aurait de toute façon le bénéfice du doute au cas où une nouvelle expertise déboucherait sur des conclusions différentes. Le tribunal d'Oslo devrait trancher vers la mi-janvier sur la réalisation ou non d'un nouvel examen de l'extrémiste de 32 ans, dont le procès devrait débuter le 16 avril.