L’INFO. Elle a fait un geste d’apaisement. La présidente du Brésil, Dilma Rousseff, en proie à un mouvement de protestation sans précédent dans le pays, a fait mardi une proposition forte : soumettre par référendum aux Brésiliens une réforme politique de grande ampleur. Une idée accueillie avec circonspection par une partie de la classe politique et par certains juristes. Et qui n'a pas mis fin aux manifestations.
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Les "pactes" proposés par Rousseff. C’est pendant une réunion lundi soir avec des maires et les gouverneurs du pays que Dilma Roussef a présenté cinq "pactes" pour tenter de mettre fin à la crise. Dans le lot, la proposition d’un référendum pour autoriser "le fonctionnement d’un processus constituant spécifique pour mener la réforme politique dont le pays a tant besoin". La consultation pourrait avoir lieu le 7 septembre, date de l’indépendance du pays, ou le 15 novembre, anniversaire de la proclamation de la République. Dilma Rousseff a aussi annoncé un plan de 18,5 milliards d’euros pour améliorer les transports publics, le principal cheval de bataille des protestataires. La présidente a également proposé de mettre en chantier des pactes contre la corruption, pour l’éducation, la santé et la stabilité économique.
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Les élus pas tous convaincus. La proposition de référendum ne fait pas l’unanimité. "C’est une des propositions les plus folles que j’ai entendues jusqu’à présent", a ainsi lancé le patron de l’opposition au Sénat, Aloysio Nunes. Des avocats ont aussi émis quelques réserves, comme Marcus Vinicius Furtado, président de l’Ordre des avocats du Brésil, qui voit là "beaucoup d’énergie dépensée dans quelque chose qui peut être résolu sans avoir besoin de toucher à la Constitution". "Il suffit de modifier la loi sur les élections et celle des partis", a-t-il assuré.
Les manifestations continuent. La journée de mardi a été marquée par quelques petites manifestations pacifiques, notamment en banlieue de Sao Paulo. D’autres marches sont prévues mercredi et les protestataires bloquent d’importants accès routiers.
Des images des manifestants :
A Rio de Janeiro, dans une favela près de l’aéroport, des affrontements ont fait sept morts, six civils et un policier d’élite. Le drame s’est produit lors d’une intervention des forces de l’ordre contre des délinquants qui braquaient des automobilistes bloqués par une manifestation. Lundi soir, le policier a été tué, ainsi qu’un habitant. Puis, à l’aube, cinq "suspects" ont été abattus lors d’une opération du Bataillon d’opérations spéciales visant à arrêter les auteurs des attaques.
Les JMJ dans un mois. Si le gouvernement s'active et va jusqu'à proposer un référendum, c'est qu'il a les yeux rivés sur le calendrier : dans un mois, entre le 23 et le 28 juillet, le Brésil accueille les Journées mondiales de la jeunesse catholique (JMJ), en présence du pape François. Plus de deux millions de jeunes sont attendus à Rio de Janeiro. D’ici là, le gouvernement devra donc avoir pacifié le pays.