Le ministre des Affaires stratégiques penche pour l’avion français. Décision au mois d'avril.
Les défenseurs du dossier Rafale au Brésil peuvent désormais compter sur un nouvel avocat. Dans une interview accordée à la revue Défense, qui sera publiée en début de semaine prochaine, le ministre brésilien des Affaires stratégique se prononce très clairement en faveur d’un achat de l’avion français. L’offre faite par le groupe Dassault "correspond tout à fait" aux besoins de l’armée de l’air brésilienne, estime Samuel Pinheiro Guimaraes Neto, qui fait valoir que "dans la mesure où certaines pièces seront produites au Brésil, le programme Rafale nous fera accomplir des progrès substantiels en matière scientifique, technologique et commerciale. Sans compter toutes les retombées en matière de sous-traitance".
Les rivaux Boeing et Saab
Un soutien de poids. Et qui tombe à point nommé, le président Luiz Inacio Lula da Silva devant annoncer la décision brésilienne au début du mois d'avril. La France doit faire face, depuis plusieurs mois, à deux offres concurrentes. L’américain Boeing soutient son appareil multi rôle F-18 Hornet. L’avionneur suédois Saab proposant, quant à lui, le chasseur Gripen. Une compétition âprement disputée. Le roi Carl XVI Gustaf et son épouse, la reine Silvia, sont arrivés hier au Brésil pour défendre l’offre suédoise. Le président Nicolas Sarkozy avait fait lui aussi le voyage, en novembre dernier, en faveur du Rafale.
Il faut dire que l’enjeu est d’importance. Ce contrat brésilien porte sur l’achat de 36 appareils et se monte à plusieurs milliards de dollars. Or le Brésil est devenu l’un des principaux clients des marchands d’armes français. La vente de quatre sous-marins de la classe Scorpène à la marine brésilienne a compté pour bonne part dans l’excellent résultat réalisé l’an passé à l’export par l’industrie tricolore. Le bilan de l’année 2009, révélé par le délégué général de l’armement Laurent Collet-Billon, chiffre à près de 8 milliards d’euros le total des exportations de matériel militaire, une augmentation de 21% par rapport à l’année précédente.
Les ventes d'armes, une priorité
La France renoue ainsi avec les résultats qu’elle obtenait au début des années 2000, avant de s’effondrer en 2005, passant du troisième au quatrième rang des exportateurs mondiaux avec moins de 4 millions d’euros de contrats réalisés. Le président Sarkozy a fait de la reprise des ventes d’armes une priorité industrielle, ce secteur comptant 650 000 emplois directs. Un dispositif particulier de soutien a été mis sur pied en octobre 2007, qui aide à l’exportation quelques 4.000 PME du secteur de la Défense. Car, en dépit de la crise économique, ce marché reste en constante expansion.
Un gâteau de 70 milliards d’euros, en 2008, dont les Etats-Unis se taillent la plus belle part avec 52% du marché mondial. La Grande Bretagne occupe la seconde place avec 14%, devant la Russie à 8,2%. La France progresse à 7,7%, talonnée par Israël. L’objectif de Paris est d’atteindre les 10 milliards d’euro en 2010. Et un succès dépendra, pour beaucoup, de l’achat du Rafale par le Brésil.