L’INFO. Les Brésiliens à nouveau dans la rue pour protester contre la vie trop chère. De nouvelles manifestations ont éclaté mardi soir alors que la présidente, Dilma Rousseff assurait avoir entendu les aspirations des manifestants. 50.000 personnes ont défilé dans les rues de Sao Paulo et des affrontements ont éclaté avec la police.
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Un mouvement dans onze capitales du pays. Un groupe de manifestants a mis le feu à un camion de transmission de la chaîne de TV Record. Aux yeux de la fronde, les journalistes sont accusés d’être du côté des forces de l’ordre. Il y a eu des scènes de guérillas urbaines. De l’avis de nombreux Brésiliens, ce mouvement risque de s’installer. "Aujourd’hui à Sao Paulo, demain à Rio. Et il ne faut pas oublier que les manifestations ont eu lieu dans onze capitales du pays. Pas seulement à Rio et à Sao Paulo, et ça va augmenter c’est sûr", affirme Guilherme, un habitant de Rio, interrogé par Europe 1.
Pour tenter de dissiper le mouvement, plusieurs villes ont fait machine arrière. Porto Alegre, Recife et d'autres villes brésiliennes ont déjà annoncé mardi des réductions de prix des transports publics.
Des violences policières. Plusieurs manifestants ont rejoint le mouvement et s’insurgent contre les violences policières. "Dimanche dernier, j’étais en train de ma balader dans un endroit à environ vingt minutes du stade Maracana. Un policier de la troupe de choc est passé. Moi j’étais sans arme et sans écharpe. Le policier m’a regardé et m’a aspergé de gaz lacrymogènes dans les yeux", raconte Felipe, un photographe de Rio. Jeudi, il retournera manifester aux côtés du million de participants attendus.
"La génération perdue". En France, la communauté brésilienne regarde à la fois avec étonnement et satisfaction cette mobilisation révélatrice d'un malaise profond. C’est le cas de Fernanda Vilar, étudiante Brésilienne en France, qui vit en France depuis 5 ans. "On a toujours dit que ma génération était la génération perdue, que personne ne se mobilisait. Quand j’ai vu que ça commençait à bouger dans mon pays, j’étais hyper contente de voir la première manifestation. J’ai dit : ‘il y a un espoir’. La jeunesse se mobilise. On est sorti de Facebook", s’enthousiasme-t-elle au micro d’Europe 1.
La situation, dans de nombreuses villes du pays, est devenue intenable. "Chaque année, lorsque je rentre, je vois qu’il y a toujours plus d’embouteillages. Les familles ont de plus en plus de voitures. Les transports publics, c’est à chaque fois plus mauvais, plus cher. Pour la santé, c’est aussi hyper compliqué. Donc je me sens vraiment abandonnée par l’Etat", déplore Fernanda Vilar, plutôt pessimiste sur l’avenir de son pays : "je ne vois pas du tout un futur joyeux pour les Brésiliens. Même si on dit que c’est le pays du futur, c’est le futur pour les riches et pas pour l’ensemble de la population".