Scènes de guerre au Brésil : la police de Rio de Janeiro lutte depuis cinq jours et a dû utiliser six blindés pour pouvoir intervenir dans deux des favelas les plus sensibles de la ville, Vila Cruzeiro et Jacarezinho. Les forces de l’ordre ont réussi a faire fuir des trafiquants de drogue au terme d’une vaste opération de police qui a fait au moins 30 morts.
Près de 200 policiers d'élite et fusiliers ont été déployés pendant plus de cinq heures pour déloger les "narcos" de ce quartier, au cinquième jour d'affrontements armés qui se sont soldés également par 180 arrestations et près de 60 véhicules incendiés.
Une victoire mais des renforts annoncés
"Aujourd'hui, Vila Cruzeiro appartient à l'État", s'est félicité José Beltrame, même si les autorités sont toujours en alerte dans le reste de la ville et que de nouvelles opérations policières sont prévues vendredi.
Le ministère de la Défense a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi que 800 militaires, 10 blindés supplémentaires et deux hélicoptères ainsi que du matériel de vision nocturne seraient déployés à Rio pour appuyer la police.
Cette vaste opération policière fait la une des journaux télévisés brésiliens :
Une myriade de narcos en fuite
Pendant les combats, près de 200 "narcos" armés ont gravi la colline en courant, tandis que d'autres s'échappaient à moto ou en voiture, selon la police. Ils cherchaient refuge dans une favela voisine du Complexo do Alemao, considéré comme l'un des bastions du crime organisé à Rio.
Des colonnes de fumée s'élevaient de la favela, les "narcos" brûlant des pneus pour empêcher la police d'avoir une bonne visibilité. "La reprise d'un territoire de l'Etat qui était considéré par les narcos comme un endroit sûr prouve que la police peut entrer où elle le veut", s'est félicité le chef de la police civile Alan Turnowski.
Nettoyer la ville avant le Mondial
A quatre ans du Mondial de football au Brésil et six ans des jeux Olympiques à Rio, les autorités cherchent à reprendre le contrôle de plusieurs quartiers de la ville aux narcotrafiquants, en déployant des moyens sans précédent. D'après les services de renseignement, deux grandes factions rivales du crime organisé ont conclu une trêve pour s'unir et tenter de déstabiliser les unités de police.
"Je n'ai jamais vu ça ! C'est une véritable opération de guerre avec des blindés, mais c'est nécessaire. C'est la seule manière d'affronter les trafiquants installés dans la favela", a réagi Elias, 44 ans, directeur d'une école à Vila Cruzeiro. C'est la première fois que des véhicules militaires de cette taille, des transports de troupes blindés dotés de mitrailleuses de calibre 50, sont utilisés depuis la création en 2008 des Unités de police pacificatrice ("Upps") destinées à rétablir la paix et les services de l'Etat dans les favelas contrôlées par les trafiquants.