Chacun va donc rentrer chez soi sans accord. Les chefs d'Etat et de gouvernement ne sont pas parvenus à s’entendre lors du sommet européen, vendredi à Bruxelles. Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy a tenté de dédramatiser cet échec en estimant qu'il serait "possible" de trouver un accord "début 2013". Il a donc reçu mandat de continuer le "travail" pour rechercher un "consensus".
Même horizon pour la France : "si le Conseil européen peut au début de l'année 2013 se réunir pour conclure ce serait une bonne perspective", a déclaré, François Hollande, le président français, lors d'une conférence de presse qui a explicité sa ligne directrice dans cette négociation : "maîtrise, solidarité, croissance".
Les raisons d'un échec :
• L'axe "Merkeron" ou "Camerkel". Un an après avoir suscité l'ire de ses partenaires européens en refusant d'adhérer à un pacte budgétaire, le Premier ministre britannique, David Cameron s'en est de nouveau fortement démarqué en réclamant des coupes drastiques dans les dépenses des institutions européennes. La Suède et les Pays-Bas, les deux autres pays les plus durs, et dans une moindre mesure l'Allemagne, voulaient eux aussi réduire le budget européen. Vendredi matin, David Cameron a rencontré Angela Merkel en présence des chefs de gouvernement suédois et néerlandais, mais aussi le président français François Hollande. Un rapprochement entre Londres et Berlin en faveur de restrictions budgétaires a semblé s'esquisser, que certains observateurs ont surnommé "Merkeron" ou "Camerkel", sur le modèle du "Merkozy" forgé sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
• Les désaccords Hollande-Cameron. Le président français François Hollande a souligné vendredi son différend avec le Premier ministre britannique, David Cameron. Il "est venu avec une double préoccupation, je ne veux pas utiliser d'autre mot", a lancé François Hollande devant la presse. "La première est de ne rien changer au système des recettes", a-t-il ajouté. Le Premier ministre britannique entendait ainsi "non seulement" préserver le "chèque britannique" qui diminue la contribution du Royaume-Uni au budget de l'Union européenne, mais a refusé aussi d'apporter une "contribution qui aurait pu (lui) être demandée aux autres chèques, aux autres rabais" accordés à d'autre pays, a expliqué le président français. "Je pourrais dire: je veux moi aussi ma ristourne", a-t-il lancé, soulignant que le Royaume-Uni avait "un solde de contribution" au budget européen "inférieur à la France".
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• Van Rompuy ne trouve pas de compromis. Dans son dernier projet de compromis sur le budget européen, Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, a d'abord maintenu sa proposition initiale de budget à 973 milliards d'euros, soit 1,01% du PIB européen. David Cameron voulait lui le ramener à 940 milliards. Mais Herman Van Rompuy comptait redistribuer les financements prélevés sur certains postes, pour les réallouer aux politiques les plus affectées par les coupes. Parallèlement, Herman Van Rompuy avait préparé une troisième proposition de compromis. Il pouvait encore gratter sur l'enveloppe pour la compétitivité et sur les dépenses pour l'administration, qui n'avaient pour l'instant pas été affectées par ses coupes. Mais sa marge de manœuvre était très limitée pour faire de "nouveaux cadeaux", a souligné un négociateur.
• La France insatisfaite. La Politique agricole commune, qui, dans la première proposition d'Herman Van Rompuy, avait perdu 25,5 milliards d'euros, récupère huit milliards dans la seconde par rapport à la coupe prévue. La politique de cohésion, qui bénéficie aux régions des pays en retard de développement, se voit réattribuer 10,6 milliards après en avoir perdu près de 30 dans le projet initial. Mais il semble que cela n'était pas satisfaisant du côté français. "Le France défend une bonne répartition des dépenses européennes", a déclaré François Hollande à l'issue du sommet. "Nous voulons un budget consistant pour avoir la possibilité de mener des politiques européennes (…) Je veux maitriser la dépense budgétaire mais je ne veux pas que l'on réduise trop l'enveloppe", a assuré le chef de l'Etat. Quant à la PAC, "elle ne peut pas servir de variable d'ajustement", a-t-il martelé.
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