La décision est rarissime. La Maison-Blanche a annoncé mercredi l’annulation du sommet prévu en septembre à Moscou avec Barack Obama et Vladimir Poutine. En cause : l’affaire Snowden, cet ex-consultant des renseignements américains qui vient d’obtenir l’asile temporaire en Russie. Au micro d’Europe 1, Nicole Bacharan, consultante sur les États-Unis, explique qu’avec cette décision, la Maison-Blanche entend montrer qu’on "ne peut pas humilier publiquement le président des États-Unis".
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Quelle est la signification de l’annulation de ce sommet ? "Je pense que la première signification diplomatique, c’est de dire à Vladimir Poutine et au reste du monde qu’on ne peut pas humilier publiquement le président des États-Unis, littéralement lui claquer une porte en plein visage, sans que cela ait des conséquences. Il faut se rappeler que Barack Obama a beaucoup insisté pour que les Russes n’accordent pas ce fameux asile, même temporaire, à Edward Snowden.
Ce que je trouve aussi frappant, c’est que la Maison-Blanche a tenu à faire la liste de tout ce qui ne va pas avec Moscou : le soutien à Bachar al-Assad, l’Iran, où Vladimir Poutine n’aide pas du tout à la mise en place des sanctions que souhaite Barack Obama. Les États-Unis n’ont pas de réponse non plus sur un projet de négociation de réduction des arsenaux nucléaires, et sur la politique très anti-homosexuels de Vladimir Poutine. Barack Obama n’a aucune envie de renforcer avec ce sommet le prestige et la stature de Poutine, de lui offrir l’occasion de belles photos."
Est-ce aussi une façon pour Barack Obama de marquer le coup vis-à-vis de son opposition ? "C’est un effet indirect, d’essayer de renforcer la stature du président vis-à-vis de cette opposition républicaine, qui bloque ou casse absolument tout depuis qu’il a été réélu. Barack Obama a subi échec après échec sur les armes à feu et sur la mise en place de l’assurance maladie. Les républicains promettent déjà d’empêcher totalement sa réforme de l’immigration. En septembre, il y aura les négociations internes sur le vote du budget et le relèvement du plafond de la dette. Obama a donc intérêt à affirmer qu’il n’est pas un président faible."
Sur le plan personnel, quelle relation Barack Obama et Vladimir Poutine entretiennent-ils ? "Cela n’a jamais fonctionné et c’est assez frappant de se dire que c’est une répétition par rapport aux deux mandats de George Bush. Au début des mandats de Bush comme d’Obama, chacun a donné l’impression qu’il souhaitait s’entendre avec Vladimir Poutine et qu’il pensait pouvoir y arriver. Au bout de quelques années, on était de nouveau dans une ambiance glaciale et rien n’a changé avec Barack Obama. On peut se dire que si c’est pareil avec un président républicain ou démocrate, le problème vient peut-être de Moscou… "