Il ne cache pas sa réticence. Jean-Claude Juncker "est la mauvaise personne" pour diriger la Commission européenne, a réaffirmé vendredi le Premier ministre britannique, David Cameron, à Bruxelles.
Une vision fédéraliste qui ne plait pas. Jean-Claude Juncker "n'est pas la bonne personne pour mener cette institution", a-t-il insisté à son arrivée au second jour d'un sommet européen au cours duquel Luxembourgeois devrait être désigné comme futur président de la Commission par une large majorité de chefs d'Etat et de gouvernement des 28. Au cours d'un bref dîner jeudi soir, David Cameron, fermement opposé à la vision fédéraliste de l'Europe défendue par l'ancien Premier ministre du Luxembourg, avait prévenu ses homologues que la discussion serait "rude", selon plusieurs sources européennes.
Le choix de Jean-Claude Juncker "est mauvais pour deux raisons", a expliqué David Cameron vendredi: d'une part "pour une question de principe, (car) il n'est pas bon que les chefs de gouvernements européens abandonnent leur droit à nommer le dirigeant de la Commission", et d'autre part parce que "c'est la mauvaise personne". M. Juncker "a été au coeur du projet consistant à augmenter le pouvoir de Bruxelles et réduire celui des Etats nations pendant toute sa vie", a-t-il insisté.
"Une question d'équilibre entre institutions". Plusieurs dirigeants européens ont réaffirmé vendredi leur soutien ou leur ralliement à M. Juncker, "un homme politique expérimenté", selon la Première ministre danoise Helle Thorning-Schmidt. Quant au Premier ministre suédois Fredrick Reinfeldt, il a estimé que c'était "une question d'équilibre entre institutions", avec d'un côté le Conseil européen représentant les Etats, de l'autre le Parlement, et qu'il ne s'agissait "pas d'une question de personnes". Jean-Claude Juncker "est la personne qui peut être élue", a-t-il ajouté.
"On peut comprendre" la position britannique, "et c'est respectable de leur point de vue, mais ils ne peuvent pas à eux seuls bloquer les 26 ou 27 autres pays qui seraient d'accord", a déclaré de son côté le Premier ministre belge Elio Di Rupo. "Je sais que les chances sont contre moi, mais cela ne signifie pas que l'on doive changer d'avis. On doit défendre ses convictions et voter en conséquence", a déclaré M. Cameron.
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