Au lendemain de son veto au projet de modification de traité de l'UE à 27, qui isole la Grande-Bretagne plus que jamais en Europe, David Cameron est acclamé par des députés conservateurs. Alors que le Premier ministre britannique a assuré vendredi que son pays n'était pas isolé ni a fortiori exclu de l'Union, le gouvernement a de nouveau justifié samedi sa position. Mais la position de David Cameron à Bruxelles a déjà galvanisé les eurosceptiques dans son camp et la presse populaire, traditionnellement eurosceptique.
Les eurosceptiques enthousiastes
"Le jour où il a fait passer la Grande-Bretagne en premier", jubilait le tabloïd à gros tirage Daily Mail, saluant le "courage et les qualités de leader" du Premier ministre. Le Daily Express se réjouissait de voir "la Grande-Bretagne proche de la sortie de l'UE" et le Sun se félicitait du "veto historique" du "héros" David Cameron, représenté en Une habillé comme Winston Churchill.
Petit bémol toutefois du côté du Financial Times et de son directeur Lionel Barber : "Je n'arrive pas à voir ce que le Premier ministre a gagné", a déclaré le journaliste sur la BBC, prédisant que le Royaume-Uni "allait devoir à un moment ou à un autre revenir à la table des négociations"..
Des critiques dans son camp
Le clash "bruxellois" du Premier ministre britannique est loin de faire l'unanimité outre-Manche. S'il n'a pas adopté l'euro, le Royaume-Uni réalise en effet 40% de son commerce avec la zone euro et un effondrement de la monnaie unique pourrait avoir des conséquences dramatiques pour l'économie britannique. Michael Heseltine, l'une des principales figures du parti conservateur, et homme d'affaires europhile, a jugé que les intérêts de la City n'étaient absolument pas protégés par la position de David Cameron. "Les Européens peuvent théoriquement créer des règles pour la zone euro, qui rendraient plus difficile l'activité des services financiers en-dehors", a-t-il prévenu.
L'opposition travailliste s'est également inquiétée de voir Londres exclue de choix économiques décisifs pour son avenir.
Et David Cameron est confronté à des tensions au sein même de son gouvernement auquel participent les libéraux-démocrates, pro-européens, même si le vice-Premier ministre Nick Clegg a assuré que la coalition était "unie" derrière le Premier ministre. "C'est une journée noire pour la Grande-Bretagne et pour l'Europe. Nous sommes dans la salle d'attente alors que des décisions cruciales sont en train d'être prises", avait dénoncé vendredi Lord Matthew Oakeshott, membre "lib-dem" de la chambre haute britannique.