C’est un adepte de "l’American way of life" dans sa villa chic et avec son petit bichon à poil frisé. A priori, rien à voir donc avec un prétendant à l’élection suprême du 14 juin en Iran. Sauf que Hooshang Amirahmadi, cet ambitieux professeur d'économie de 64 ans, qui vit à Princeton dans le New Jersey, se voit lui dans le futur président de la république islamique. A ceci près que sa candidature a été rejetée en mai par le Conseil des gardiens de la Constitution… Mais celui qui donne des cours la Rutgers University ne lâche rien et continue son combat sur les réseaux sociaux avec pour thème : "Campagne pour un Iran meilleur".
"Je me rendrai à la Maison-Blanche"
Hooshang Amirahmadi, natif du Nord de l’Iran, est arrivé aux Etats-Unis en 1975, soit quatre ans avant la révolution islamique, et avant le gel des relations diplomatiques entre les deux pays. Venu pour étudier aux Etats-Unis, il a décroché un doctorat en développement international à l'université Cornell, où étudie aujourd'hui sa fille.
Selon lui, il est donc crucial de réparer ce lien rompu entre les deux pays. "La seule solution est que les deux parties soient capables de modifier leurs vues, de se regarder avec de nouvelles lunettes", a-t-il expliqué. Quitte à prodiguer quelques solutions simplistes même lorsqu’il s’agit du nucléaire, le sujet de frictions numéro un. "J'aurai résolu le problème lors de mes 100 premiers jours (au pouvoir), et hop, fini !", s'enflamme-t-il. "Si j'étais président iranien, je me rendrais à la Maison- Blanche en moins de 100 jours, c'est comme ça qu'il faut procéder", ajoute-t-il.
Un défenseur de l’égalité des sexes
A ses yeux, les sanctions américaines contre l'Iran, en affaiblissant sa monnaie et son économie largement assise sur le pétrole, risquent de renforcer les candidats les plus radicaux, au détriment des démocrates comme lui, qui se présente en outre comme un défenseur de l'égalité entre les sexes.
Pour lui, le problème ne vient pas que du président sortant, Mahmoud Ahmadinejad, mais aussi et surtout du Guide suprême de la révolution, Ali Khamenei. "Il a toujours le contrôle, mais combien de temps pouvez-vous le conserver quand un nombre croissant de personnes au sein de votre peuple et de votre administration, des gens qui travaillent pour vous, ne sont pas de votre côté ?", s'interroge-t-il.
Des pages Facebook et des chats sur Reddit
Alors que la censure sur Internet fait rage en Iran, lui exploite toutes les possibilités de cet outil. Hooshang Amirahmadi a son site Internet, son compte Twitter, sa page Facebook en perse (plus de 62.000 abonnés) et en anglais (plus de 22 abonnés) pour diffuser ses idées depuis les Etats-Unis. Sur Reddit, un réseau social très implanté aux Etats-Unis, il multiple les "chats" avec les internautes qui lui pose de nombreuses questions. "Vous avez passé la plupart du temps en dehors de l’Iran. Craignez-vous que l’électeur moyen vous voit comme un étranger ou un occidental ?", se demande l’un d’entre eux. Lui répond que "la gravité des problèmes de l’Iran" l’a entraîné à se déclarer candidat. "Je peux être un bâtisseur, un faiseur de paix et un gestionnaire économique", déclare-t-il en guise de programme politique.
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Homme de médias, il publie occasionnellement des tribunes dans le Guardian. Il multiplie les déplacements aux Etats-Unis et dans le monde : Dubaï, Londres, l’Ecosse, Irlande du Nord et va à la rencontre de nombreux exilés qui ont fuit leur pays, rapporte le International Business Times. "Nous devons voir une autre Iran", plaide-t-il. Il revendique sa présence hors des frontières. "Vaut-il mieux être un religieux qui ne connaît rien au monde extérieur, ou quelqu'un qui a au contraire vu du pays?", souffle-t-il, en se promenant au milieu de ses statues dispersées sur une pelouse soignée, avec son chien Coco près de lui.
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Candidat en 2017 ?
Hooshang Amirahmadi juge comme une "faute" les propos virulents du président actuel Mahmoud Ahmadinejad à l'encontre d'Israël, car "en fermant la porte à 100% aux Israéliens, on la ferme à 70% aux Américains". Mais selon lui, il ne faudra pas attendre un assouplissement des Etats-Unis pour changer le système en Iran.
S'il ne fait pas cette fois partie des huit candidats autorisés, il compte persévérer, pour changer l'image de l'Iran. "Tous les matins quand je me lève, l'Iran est dans l'actualité et, hélas, la plupart du temps pour de mauvaises raisons. Nous devons changer ça". Son prochain rendez-vous électoral est prévu, il l'espère, pour 2017.