Le projet de loi de légalisation du cannabis en Uruguay, qui a reçu l'aval d'une des deux chambres du Parlement mercredi, constitue une "expérience d'avant-garde" qui peut bénéficier au monde entier, a plaidé jeudi le président José Mujica. "Nulle part dans la monde la répression n'a donné de résultats" contre le trafic de drogue. "Nous souhaitons nous placer à la frontière de l'addiction aux drogues. Ce n'est pas simple car nous n'avons pas de recette (...) nous sommes conscients que nous sommes en train de réaliser une expérience d'avant-garde pour le monde entier", expliqué José Mujica dans son émission de radio hebdomadaire "Le président parle".
Après plus de treize heures de débats, la Chambre des députés de l'Uruguay a approuvé mercredi soir cette loi qui ferait de ce petit pays sud-américain le premier du monde où l'Etat contrôlerait la production et la vente du cannabis. Le texte doit encore être approuvé par le Sénat avant sa promulgation. L'objectif de ce texte promu par le président de gauche, un ex-guérillero emprisonné sous la dictature, est avant tout d'en finir avec "le marché clandestin, pour avoir un marché en plein jour". En outre selon lui, il revêt une dimension de "santé publique", car "si le consommateur est identifié on peut influer sur lui lorsqu'il dépasse la limite".
La consommation n'est actuellement pas pénalisée en Uruguay, contrairement à son commerce. Si le texte était approuvé, les consommateurs, résidents en Uruguay majeurs et inscrits dans un Registre des usagers, pourraient acheter jusqu'à 40 grammes par mois dans des pharmacies autorisées.