C'est une première : un organisme public sud-coréen, l'Institut pour l'unification nationale (KINU), confirme des faits de cannibalisme en Corée du Nord dans son Livre blanc annuel en Corée du Nord, comme le révèle Le Monde vendredi.
Jusqu'ici, le cannibalisme nord-coréen n'était qu'une rumeur persistante. Mais l'enquête approfondie menée en 2011 auprès de 230 transfuges nord-coréens par le KINU lève les doutes.
Un phénomène étendu ?
Plusieurs témoignages font état de chair humaine vendue sur les marchés comme viande de mouton. Et trois exécutions publiques pour cannibalisme sont avérés entre 2006 et 2011, comme celui d'un habitant de la ville de Hyesan, exécuté en décembre 2009 pour avoir tué et mangé une fillette.
L'an dernier, des missionnaires sud-coréens s'étaient déjà procuré un document de la police nord-coréenne relatant d'autres cas de cannibalisme, laissant entendre que le phénomène était plus étendu.
Pénurie alimentaire chronique
La Corée du Nord, où sévit une dictature totalitaire, est en situation chronique de pénurie alimentaire. En mars 2011, 6 millions de personnes y étaient gravement menacées par la famine selon le Programme alimentaire mondial des Nations unies.
Les organisations internationales ont pourtant le plus grand mal à acheminer l'aide alimentaire aux populations en danger. Les autorités du pays sont souvent accusées de détourner ces aides, ce qui a plusieurs fois conduit l'ONU à interrompre ses livraisons.
De son côté, la Corée du Nord nie tout en bloc, se contentant de dénoncer le "complot international" fomenté contre elle.