Le jugement. La Cour suprême du Mexique a décidé mercredi la libération "immédiate et absolue" de la Française Florence Cassez en raison de la violation de ses droits fondamentaux dans la procédure ayant conduit à sa condamnation à 60 ans de prison pour enlèvements. Une décision qu’espérait sa famille mais que ses avocats n’osaient plus envisager. Retour sur un vrai coup de tonnerre juridique.
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Trois juges qui font pencher la balance. Dans le détail, sur les cinq juges que compte la première chambre de la Cour suprême, trois, la majorité, ont voté en faveur de la libération immédiate de la Française : Arturo Zaldivar, Olga Sanchez Cordero et un nouveau juge nommé en décembre, Alfredo Gutierrez Ortiz Mena. "Le jugement est annulé, le recours est accordé et la liberté absolue de Florence Cassez est ordonnée", indique la résolution adoptée par la Cour suprême.
La stratégie d’une juge pro-Cassez. Dans cette procédure si complexe, la juge Olga Sanchez, chargée de rédiger un rapport sur le dossier Cassez, a visiblement tenté un tour de passe-passe : essayer d’obtenir l’annulation de la condamnation de la Française, en arguant de violation de ses droits fondamentaux, mais plaider dans un premier temps pour un renvoi vers un tribunal d’appel. Au final, les juges qui siégeaient à ses côtés ont reconnu ces violations des droits fondamentaux et en ont conclu qu'il fallait opter pour une libération immédiate et absolue, comme le proposait le juge Arturo Zaldivar dès le mois de mars 2012. Ce scénario avait alors été écarté en raison notamment de la ferme opposition d'un juge, aujourd'hui parti à la retraite. Il a été retenu mercredi, au bénéfice de Florence Cassez.
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Le départ du président Calderon a-t-il pesé ? Le changement de président au Mexique a aussi sans doute joué un rôle dans la libération de la Française. Felipe Calderon, l'ancien président, était fermement opposé à la libération de Florence Cassez. Son bras de fer diplomatique avec Nicolas Sarkozy notamment avait conduit à une mini-crise diplomatique entre les deux pays. Lors de l'année du Mexique, en 2011, le gouvernement mexicain a décidé d'annuler sa participation lorsqu'il a vu que l'événement était dédié en France à Florence Cassez. Le président Calderon s'était également opposé à un transfèrement "d'une prison mexicaine à une prison française" comme l'avait réclamé Nicolas Sarkozy. Mais une fois Enrique Peña Nieto investi le 1er décembre 2012, les relations ont commencé à s'apaiser. Ce nouveau président, soucieux de redorer l'image de son pays, a décidé de faire de l'indépendance de la justice son cheval de bataille. Ce revirement politique a dû peser dans la tête des juges, qui ont également vu en un an un changement notable dans l'opinion publique qui ne voit plus désormais Florence Cassez comme une kidnappeuse étrangère et prête à la voir sortir de prison. A l'audience, plusieurs juges ont insisté sur la valeur d'exemple pour la justice mexicaine qu'avait le cas Cassez, au-delà de toutes les polémiques.