Le Danube est menacé. Une coulée de boue toxique, échappée d'un réservoir d'une usine d'aluminium, pourrait atteindre d'ici quatre ou cinq jours le deuxième plus long fleuve d'Europe après la Volga. Le ministère roumain de l'Environnement dit "surveiller en permanence" la qualité des eaux du Danube.
Les pompiers tentent de ralentir la propagation du flux toxique dans les rivières. Ils installent des barrages et déversent des tonnes de plâtre pour tenter de dissoudre la boue. La pollution pourrait atteindre dans la soirée de mercredi la rivière Raab, qui est un affluent direct du Danube, selon les experts. "Nous sommes confiants dans le fait que les particules toxiques n'atteindront pas le Danube", a toutefois affirmé le ministre de l'Intérieur, Sandor Pintér.
Tant le service hongrois des eaux que l'organisation écologiste Greenpeace prélèvent régulièrement des échantillons pour étudier la dangerosité de la pollution pour la faune et la flore. D'ores et déjà, des centaines de poissons morts flottent dans les rivières et une grande partie de la végétation de la région a été anéantie, vraisemblablement pour des années, comme l'a indiqué le Fonds mondial pour la nature (WWF).
1,1 million de mètres cubes de boue rouge
"Le nettoyage des rivières est aussi en cours depuis hier", a indiqué Timea Petroczi, porte-parole des services contre les catastrophes. "Le dernier bilan est de quatre morts, trois personnes disparues, 123 blessés, dont 61 hospitalisées, surtout pour des brûlures causées par la boue toxique", a-t-elle précisé.
Le gouvernement hongrois a déclaré mardi l'état d'urgence dans trois départements de l'ouest du pays après un accident la veille dans une usine d'aluminium de la ville d'Ajka (160 km à l'ouest de Budapest). Un réservoir s'est rompu pour une raison encore inconnue et a déversé quelque 1,1 million de mètres cubes de boue rouge toxique sur les sept villages avoisinants. Un bataillon de quelque 500 personnes, pompiers et volontaires, nettoyait les rues et les maisons au jet d'eau à haute-pression.
La société MAL, propriétaire de l'usine et qui rassemble un groupe d'investisseurs privés, est sur la sellette. L'usine d'Ajka, construite en 1943, est très ancienne, selon le site internet de MAL. Le secrétaire d'Etat à l'Environnement, Zoltan Illés, s'est dit "persuadé" que la cause de l'accident était la surcharge des réservoirs.
"Interdit d'utiliser les puits creusés"
Les canalisations d'eau ne seraient pas menacées par la pollution. Par mesure des précautions, "il est interdit d'utiliser les puits creusés", ont précisé les autorités. Il est également interdit de se nourrir de la végétation qui a été en contact avec la boue rouge. Elle a confirmé qu'une interdiction de chasse et de pêche était en vigueur dans les départements déclarés en état d'urgence.L'armée hongroise a de son côté reconstruit un pont à Kolontar, qui a été détruit par le déferlement de la boue.