François Hollande est attendu mercredi en Algérie, où il tentera de réconcilier les deux pays, historiquement et économiquement. Les plaies causées par la guerre d’Algérie ne sont pas encore pansées et c’est avec beaucoup de tact que François Hollande devra aborder le sujet. Car les Algériens attendent un geste du président français.
Europe 1 est allé à la rencontre d’Algériens sur place, de pieds-noirs, ou d'immigrés en France afin de comprendre ce qu’ils attendent de cette visite.
Pour M'Hamed Kaki, responsable du collectif pour la reconnaissance du 17 octobre 1961, la visite de François Hollande ne doit amener qu’à une chose :"la reconnaissance historique des crimes coloniaux" commis pendant la guerre d’Algérie. Pour cet homme qui vit depuis trente ans en France, le temps n’est plus aux excuses, "il faut maintenant qu’on dépasse cette histoire qui nous empoisonne la vie", estime-t-il.
Améziane Fehrani, journaliste algérien, responsable des pages culture du quotidien Al Watan, ne partage pas le point de vue de Mahmed. "Je pense que tourner la page du passé serait dangereux", confie-t-il au micro d’Europe 1. "Il ne faut pas la tourner, il faut la lire", ajoute-il. Pour le journaliste, enfouir l'histoire n’est donc pas la solution. Au contraire, il est nécessaire aujourd’hui de l'apprivoiser pour lever tous les malentendus entre Français et Algériens, deux peuples qui s'apprécient et savent vivre ensemble.
Samira Négrouche, poétesse et écrivaine algérienne, prévient : ce n’est pas au dirigeant algérien que doit s’adresser François Hollande, mais au peuple d’Algérie. "Les plaies ne sont pas cicatrisées", estime-elle, soulignant qu’il est nécessaire que le chef de l’Etat "éclaircisse la position de la France" sur les victimes de la guerre et d’après-guerre. "Toutes les familles algériennes ont été marquées par la torture, la mort et les disparitions", ajoute Samira Négrouche, soulignant que "les Algériens forment un peuple encore très blessé et digne", à qui François Hollande devra s’adresser "avec beaucoup de subtilité".
Gaston Giroud, un pied-noir installé dans le Var, se dit, quant à lui, opposé à la repentance si elle elle ne vient que de la France. "La repentance doit être le fruit d’un travail qui n’est pas unilatéral, contrairement à ce que veux Bouteflika [l’actuel président algérien, NDLR]. Pour Gaston Giroud, "l’Algérie, ce n’était pas l’Afrique du sud. Quand on est parti, dans chaque village d’Algérie, il y avait une mosquée, une école, un dispensaire : alors quand on parle de colonisation, moi ça me blesse. Je veux qu’on rétablisse la vérité, notre vérité à nous aussi".
>> Pour l’historien Benjamin Stora, l’enjeu de cette visite sera à la fois économique et historique, à voir ici.