Le système est hérité du goulag. Les camps de détention pour femmes en Russie, où vont être détenues les trois jeunes femmes du groupe punk Pussy Riot, condamnées à deux ans de camp pour "hooliganisme", présentent des conditions de vie particulièrement difficiles. Nadejda Tolokonnikova, Maria Alekhina et Ekaterina Samoutsevitch vont ainsi être emprisonnées avec des meurtrières et des voleuses, dans des chambrées accueillant une centaine de femmes.
Il existe actuellement 46 camps pour femmes en Russie, avec quelque 59.000 femmes détenues, sur un total de 727.000 prisonniers dans le pays. Les prisonnières russes ont l'obligation de porter un uniforme, avec leur nom sur la poitrine. Tout vêtement personnel est interdit, selon les informations du site officiel de l'administration pénitentiaire russe et d'Elena Gordeeva, responsable de l'ONG russe Prison et Liberté, spécialisée dans l'aide aux détenues.
"Aucun espace d'intimité"
La journée commence à 6 heures dans ces camps, avec un rassemblement pour compter les prisonnières. Dans le cas où la température est inférieure à -30 degrés, les autorités consentent à faire l'appel à l'intérieur. Pendant la journée, les détenues doivent travailler, en général en cousant des uniformes pour l'administration pénitentiaire, l'armée et le ministère de l'Intérieur.
"Il n'y a aucun espace d'intimité. Cela casse complètement les repères de genre. Pour beaucoup de détenues, c'est très traumatisant", explique au Figaro Lioudmila Alpern, du Centre d'action pour la réforme de la politique pénale.
Des visites limitées
Les visites sont en outre limitées : six visites courtes par an, et quatre visites longues, pouvant durer jusqu'à trois jours. Ces dernières permettent aux détenues de se retrouver dans une pièce séparée, avec un conjoint ou des parents. Les appels téléphoniques sont aussi rares : les femmes détenues n'ont en général le droit qu'à 15 minutes de conversation par mois.
Mais les conditions de vie sont encore plus dur pour celles qui ont violé le règlement et sont soumises au régime sévère : isolées des autres, elles n'ont droit ni aux visites, ni aux appels téléphoniques, et sont enfermées dans des cellules d'où elles ne peuvent sortir qu'une heure et demie par jour.