Centrafrique : des soldats français soupçonnés d'abus sexuels

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avec Gwendoline Debono et agences , modifié à
 Un rapport de l'ONU met en cause des soldats de maintien de la paix en Centrafrique. Le parquet français a précisé avoir ouvert une enquête en juillet 2014 sur ces abus sexuels présumés sur des mineurs.

The Guardian  a dévoilé l'existence, mercredi, d'un rapport interne de l'ONU sur des abus sexuels dont sont notamment soupçonnés treize militaires français en Centrafrique. Selon le quotidien britannique, Anders Kompass, un employé de l'ONU, a récemment été remercié pour avoir dévoilé ce rapport détaillant le comportement de soldats des forces de maintien de la paix dans ce pays. Après la publication de cet article, le parquet français a indiqué avoir ouvert une enquête préliminaire, le 31 juillet 2014, sur ces abus sexuels présumés. L'ONU, de son côté, a également confirmé avoir enquêté sur cette affaire au printemps 2014.

"Sans abri et affamés". Le document, qui s'intitule Abus sexuel sur des enfants par des forces armées internationales, décrit des viols sur une dizaine d’enfants, âgés de 9 à 13 ans. Les faits se seraient déroulés entre décembre 2013 et mai 2014, aux abords du tarmac de la piste de l’aéroport de Bangui, la capitale centrafricaine. À l’époque, c’est ici que les habitants se réfugient pour échapper aux tueries, notamment parce que l’aéroport abrite aussi la base française.

D’après les témoignages recueillis par des employés de l'ONU, les viols, commis sur "de jeunes garçons sans abri et affamés", étaient pratiqués en échange de rations militaires. Les descriptions des abus sexuels sont extrêmement précises, tout comme celles du physique des auteurs présumés, à savoir treize militaires français de la force Sangaris. Des descriptions précises au point que les enfants sont capables de décrire les tatouages, les cicatrices et les surnoms de leurs agresseurs, confie à Europe 1 une source proche de l'enquête.

A la suite de ces viols présumés, certaines victimes auraient préféré fuir du camp après les agressions. L'Unicef a confié les enfants qui s'étaient plaints "à des ONG partenaires présentes sur le terrain pour qu'ils puissent recevoir un soutien psychologique", selon le porte-parole de l'Unicef basé à Dakar, Thierry Delvigne.

Un rapport transmis à Paris. Selon The Guardian, Anders Kompass a transmis ce rapport confidentiel aux autorités françaises après s'être heurté à un mur au sein des Nations unies, qui supervisent les forces de la Minusca actuellement déployées dans le pays. D'après Paris, les ministères de la Défense et des Affaires étrangères ont directement été saisis par le Haut-commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU. Un porte-parole des Nations unies assure, lui, que "la version préliminaire [du rapport] a été fournie de manière non-officielle par un membre de l'équipe aux autorités françaises fin juillet avant même d'être transmise à la direction du bureau du Haut commissaire aux droits de l'Homme".

Une enquête préliminaire en France. Le ministère de la Justice français a confirmé mercredi l'ouverture d'une enquête préliminaire en juillet 2014, immédiatement après que le ministère de la Défense a transmis un document de travail des Nations unies au parquet. "L'enquête est en cours avec des demandes d'entraide à l'international", a indiqué le ministère qui "a pris et prendra toutes les mesures nécessaires pour la manifestation de la vérité". Elle est confiée à la prévôté, qui remplit le rôle de police judiciaire militaire, ainsi qu'aux gendarmes de la section de recherches de Paris.

Pour les biens de cette enquête, des officiels français se sont rendus à Bangui après l'été 2014. Pour l'heure, les militaires mis en cause n'ont pas été identifiés, ni par l’armée ni par les gendarmes français qui se sont rendus en Centrafrique dès l’ouverture de l’enquête préliminaire. A ce jour, aucun des enfants qui témoigne n’a encore été entendu par la justice française. Le ministère de la Défense promet que, "si les faits étaient avérés", les "sanctions les plus fermes [seront] prononcées à l'égard des responsables de ce qui serait une atteint intolérable aux valeurs du soldat".

L'ONU face aux scandales. L'ONU a été confrontée à des agissements répréhensibles de la part de soldats sous son commandement par le passé, au Soudan ou encore en Bosnie. Dans les années 90, des soldats néerlandais ont été soupçonnés de viols, trafics d'armes et de drogues mais aussi d'avoir utilisé des enfants comme boucliers humains dans l'enclave de Srebrenica.

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