Centrafrique : la prolongation de l’opération Sangaris examinée

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ON FAIT LE POINT - Le Parlement vote, mardi, la prolongation ou non, de la présence française en Centrafrique.

Les députés français sont appelés à se prononcer mardi pour ou contre la prolongation de l’opération Sangaris en Centrafrique. Sur le terrain, les militaires français - 2.000 soldats au total - sont confrontés à une situation beaucoup plus complexe que prévu lors du lancement de l'intervention, début décembre.

A l'époque, François Hollande avait affirmé que l'opération serait l'opération Sangaris serait "rapide" et "efficace". Mais sur le terrain la situation se complique. Un bourbier centrafricain ? "Pas encore, mais nous pourrions bientôt y être !", répond le Général Vincent Desportes, ancien directeur de l’Ecole de guerre, professeur associé à Sciences-Po, mardi matin sur Europe1.

Et vous, qu'en pensez-vous ?

 

"Créer un électrochoc, un effet de souffle". "Si la France ne rajoute pas très rapidement les effectifs nécessaires, ce sera difficile. Nous devons bien comprendre que nous entrons dans une fenêtre de vulnérabilité entre maintenant et l'arrivée des renforts possibles, soit européens, soit Onusiens pendant l'été", a-t-il détaillé.

Selon le militaire, la situation est déjà instable depuis cinq ou six mois. "Elle pourrait se transformer en bourbier. Il est absolument indispensable que des renforts soient projetés brutalement de manière à créer un électrochoc, un effet de souffle", prévient-il.

Pourtant, sur le terrain, les échos sont différents. Le général Soriano, en charge de l'opération, incité d’Europe 1, lundi, a affirmé qu'il n'y avait pas d'enlisement et a réfuté l’idée qu’un nettoyage ethnique était en cours à l’encontre des musulmans.

"Il faut refuser tout déni".  "Ce qui est sûr, c'est que le niveau de massacres à Bangui a baissé, mais autour de Bangui dans l'ouest et au nord-est, des exactions sont commises en nombre. Le pire est possible, je le maintiens, entre maintenant et l'arrivée des renforts", martèle le Général Vincent Desportes.

"Je crois qu'il faut refuser tout déni. Ce que nous voyons aujourd'hui est effectivement un nettoyage ethnique : les musulmans quittent en masse la Centrafrique, Bangui est pratiquement vidée de sa population musulmane. Au fond, parce que le gouvernement n'a pas donné les moyens de la mission confiée aux armées françaises, l'armée française est en train d'observer impuissante cette épuration ethnique que nous avons voulu rejeter", analyse le militaire.

"En permanence ajuster les moyens". Si le général Général Vincent Desportes s’inquiète d’un probable enlisement, il ne remet néanmoins pas en cause la présence française sur place. "La France a parfaitement eu raison d'intervenir. Il faut cependant en permanence ajuster les moyens aux enjeux : ça n'a pas été le cas", insiste-t-il.

"Le pari initial n'a pas fonctionné : c'était celui de la sidération. Il était espéré que les 1.600 hommes arrivant brutalement changeraient la donne. Comment voulez-vous tenir un pays plus grand que France et Belgique réunies, une ville de plus d'un million d'habitants, avec 1.600 ou 2.000 soldats français ? Il est absolument indispensable de donner à nos soldats les moyens dont ils ont besoin", prévient-il.

Pour ce militaire, il n’y a pas eu politique. " Toute action stratégique est un pari. Mais il fallait bien se rendre compte que, dès le départ, très vite, dès la mi-décembre, que les effectifs étaient insuffisants et qu'il fallait s'adapter", précise-t-il, soulignant que la situation en Centrafrique ne changera pas en envoyant seulement 400 hommes supplémentaires.

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