L'INFO. Chaque jour, la Centrafrique (RCA) sombre un peu plus dans l'horreur. Alors que l'ONU doit adopter jeudi une résolution qui ouvre la voie à une intervention militaire française, au moins douze civils, des éleveurs peuls musulmans, ont été tués à la machette dans la nuit de lundi à mardi.
Le Premier ministre centrafricain Nicolas Tiangaye a dénoncé des "actes horribles, odieux".
Les coupables désignés sont des membres de milices d'autodéfense paysannes, les "anti-balaka" (anti-machettes). Ces groupes ont émergé depuis septembre dans le nord-ouest du pays, en réaction aux exactions d'hommes armés issus des rangs de la coalition rebelle Séléka, depuis dissoute. Elle est dirigée par Michel Djotodia qui a renversé en mars le président François Bozizé, arrivé au pouvoir dix ans plus tôt par un coup d'Etat. La situation est depuis critique. Jeudi, des tirs d'armes automatiques et des détonations d'armes lourdes ont été entendus à Bangui, la capitale.
>>> Alors que le feu vert onusien est attendu jeudi, Europe 1 s'est rendu sur les routes du Cameroun aux côtés des militaires français. Ces 350 hommes ont été débarqués du Dixmude (porte-hélicoptères) à Douala. Ils ont sur place une centaine de véhicules.
La préparation des soldats. Le brigadier Cyril déroule soigneusement les bandes de munitions qu'il porte autour du coup. Les gestes sont précis pour les charger dans le véhicule de l'avant blindé (VAB) qu'il partage avec six autres soldats. "On prépare les caissons de munitions. Je suis pilote. Je vais conduire mon VAB mais aucune idée de où et comment", assure le brigadier, interrogé par Europe 1.
Une race de papillon comme nom de code. Officiellement, les soldats attendent le mandat de l'ONU et l'ordre du président pour un éventuel déploiement. Mais en réalité, l'opération a déjà un nom de code : Sangaris, une race de papillon rouge qu'on trouve en Centrafrique. "Avant cette mission, la RDC je ne m'y étais jamais intéressé. Je n'en avais même jamais entendu parler. On se prépare, à notre niveau", assure le brigadier Cyril.
La préparation est aussi psychologique. L'adjudant Thierry parle beaucoup à ses hommes avec l'expérience d'un soldat qui a déjà servi en Afghanistan, au Kosovo et trois fois en Côte d'Ivoire. "Ce qui se passe là-bas, les exactions, les massacres, moi ça m'est arrivé, en Côte d'Ivoire, de passer derrière des gars sans foi, ni loi qui ne font aucune distinction entre combattants, civils ou enfants", raconte l'adjudant Thierry au micro d'Europe 1. Les moins aguerris doivent donc se tenir prêts. "C'est extrêmement dur et frustrant. Donc je les prépare. Il y en a qui sont très, très jeunes. Je ne voudrais pas que ce soit des situations qui les impactent toute leur vie", a-t-il assuré au micro d'Europe 1.
Avec des soldats français au #Cameroun, en route pour la frontière avec la #Centrafrique. Opération #Sangarispic.twitter.com/7DnvFJQL4w— Xavier Yvon (@xavieryvon) 5 Décembre 2013
Les armes et les "esprits" sont donc prêts. Pour l'instant, les militaires roulent pendant des heures. Un convoi d'une centaine de véhicules traverse la forêt tropicale. Direction la frontière centrafricaine.
Un soutien à la Misca. La résolution autorise aussi les forces françaises en RCA à "prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Misca dans l'exercice de son mandat". La Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (Misca) doit compter jusqu'à 3.600 hommes mais n'a pu en rassembler pour l'instant que 2.500, mal équipés et mal entraînés, venus du Tchad, du Gabon et du Cameroun. Selon la résolution, sa montée en puissance sera financée par un fonds géré par l'ONU et alimenté par des contributions volontaires des Etats.
Le contingent français va rapidement passer, quant à lui, de 450 à 1.200 hommes, chargés notamment de sécuriser l'aéroport de Bangui et les principaux axes par où transiteront les convois humanitaires.
• ZOOM - Une opération militaire à moindre coût
• ZOOM - 1.000 soldats français seront envoyés
• 3'CHRONO - Que se passe-t-il en Centrafrique ?