L'info. Près d'un millier de soldats français étaient déployés vendredi soir en Centrafrique, après le feu vert donné par le Conseil de sécurité de l'ONU à une intervention de la France pour y rétablir la sécurité.
Psychose à Bangui. Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a annoncé vendredi matin sur RFI qu'une compagnie de parachutistes en provenance du Gabon, soit environ 150 hommes, était arrivée en renfort à Bangui qui vit dans la psychose de nouvelles tueries, après les massacres de la veille. "L'opération a commencé, dans la mesure où les forces françaises qui étaient déjà présentes à l'aéroport de Bangui, avec une mission limitée à la protection de cet aéroport et de nos ressortissants, dès cette nuit, ont développé des patrouilles dans Bangui. La nuit a été calme", a de son côté assuré vendredi matin le ministre de la Défense.
"Pour sécuriser, il faut désarmer et cantonner". Les violences qui ont éclaté jeudi matin à Bangui ont fait au moins 300 morts, a indiqué vendredi soir un responsable de la Croix-Rouge centrafricaine, sous couvert d'anonymat. Les accrochages ont débuté dans la nuit de mercredi à jeudi. Ils ont conduit François Hollande à précipiter l'envoi de renforts français dans un pays plongé dans le chaos depuis des mois. Selon le ministère de la Défense, l'opération, baptisée "Sangaris", du nom d'un papillon rouge, a pour objectif de rétablir une sécurité minimale et permettre le retour des opérations humanitaires et le rétablissement de structures étatiques de base.
"Pour sécuriser, il faut désarmer et cantonner" les éléments armés, a souligné Jean-Yves Le Drian. Laurent Fabius a précisé que le déploiement des soldats français ne concernerait pas seulement Bangui. "Les forces françaises vont s'occuper en particulier de Bangui et de deux routes, l'une qui monte vers le nord, vers le Tchad, l'autre qui va vers le Cameroun", a-t-il expliqué. "Et puis il y aura aussi des éléments qui vont se déployer, en liaison avec les Africains (...), dans le reste du pays, notamment à Bossangoa (à 300 km au nord de Bangui), où on craint qu'il y a eu beaucoup d'exactions", a-t-il ajouté.
Un soutien des voisins européens. Le deuxième objectif de l'opération Sangaris est de favoriser la montée en puissance rapide de la force africaine de stabilisation de la Centrafrique, la Misca, et son déploiement opérationnel pour faciliter une transition politique avec des élections qui se tiendraient au plus tard en février 2015. Les effectifs de la Misca, actuellement de 2.500 soldats, doivent être portés à 4.000 hommes venant du Gabon, du Congo, du Tchad, du Cameroun et du Burundi. Tandis qu'en France les Verts appellent à une intervention européenne, et non française, en Centrafrique, le Royaume-Uni a annoncé qu'il enverrait des avions de transport militaire C17 vers ce pays.
Une intervention limitée dans le temps. Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian ont insisté sur la volonté de la France de limiter son intervention à une période de six mois. Un délai jugé trop court par le Premier ministre actuel de la République centrafricaine. "J'attends beaucoup de l'intervention de l'armée française", a déclaré sur RTL Nicolas Tiangaye, à Paris pour participer avec une quarantaine de dirigeants africains à un sommet consacré à la paix et la sécurité en Afrique. "Six mois, ça me semble un peu court", a-t-il ajouté. "Si l'armée française arrive à régler les problèmes dans les six mois, tant mieux. Mais mon souhait est qu'elle reste pendant une année pour permettre de résorber toutes ces difficultés." Mais la géographie du pays, l'identité des miliciens responsables des exactions et le précédent malien pourraient mettre à mal cet objectif, estiment des analystes.