Deux personnes dont une Française, en mission humanitaire en Centrafrique, et un employé centrafricain de son ONG ont été enlevés lundi à Bangui. Les captifs circulaient à bord d'un 4x4, qui transportait des médicaments, lorsqu'ils ont été braqués par un groupe de quatre hommes armés de Kalachnikov lundi matin vers 8 heures locales. La Française est une humanitaire de 67 ans qui travaille pour l'ONG médicale CODIS (Coordination diocésaine de la Santé). L'enlèvement aurait été mené par les milices anti-balaka.
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Un bastion des anti-balaka. La Française rentrait de mission en province, avec un prêtre centrafricain, quand leur véhicule a été stoppé par des hommes armés dans le centre de Bangui. Le chauffeur, également un religieux, est expulsé du véhicule et l'un des hommes armés s'installe au volant. Le conducteur laissé derrière affirme que les ravisseurs prennent alors la direction du quartier de Boy-Rabe, bastion des militants chrétiens anti-balaka.
Une Française âgée de 67 ans enlevée en République centrafricaine http://t.co/9zVmtZEwqN#RCA#humanitaire— France Diplomatie (@francediplo) 19 Janvier 2015
Un "général" arrêté samedi. Les anti-balaka sont sur les dents : samedi, l'un de leurs chefs les plus influents, Rodrigue Ngaïbona "général Andjilo", a été arrêté par la force militaire africaine à Bouca, dans le nord-ouest du pays. Ce "général", qui a été un des principaux chefs anti-balaka à Bangui et avait fui la capitale, est notamment soupçonné d'avoir été un des meneurs des miliciens qui ont lancé les massacres de musulmans en 2013, à Bangui. Dimanche et lundi, après son arrestation, les miliciens ont manifesté leur mécontentement dans le quartier de Boy-Rabe, où une personne est morte lors de violents affrontements.
Des négociations en cours. Les militants réclament la libération du "général Andjilo" en échange de leurs otages, selon un homme en contact avec les ravisseurs, qui dit aussi avoir bon espoir que l'humanitaire française et le prêtre soient relâchés rapidement. Selon le ministère français des Affaires étrangères, des négociations sont en cours avec l'archevêque de Bangui pour tenter de libérer les otages.
Premier kidnapping d'une ressortissante française. C'est la première fois que les anti-balaka se servent du kidnapping d'étranger pour réclamer quelque chose, selon un diplomate qui craint que les miliciens ne soient en train "d'apprendre vitesse grand V". Cet enlèvement d'une ressortissante française, le premier dans le pays depuis le début de la crise en 2013, soulève aussi le problème de l'impunité des exactions commises de part et d'autres. En décembre, l'ONG Amnesty International avait estimé que ce problème "alimentait la violence" qui a déjà fait des milliers de morts dans le pays.
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