La découverte est importante. Un groupe de scientifiques du Centre international de recherche sur le cancer (Circ) vient de publier une étude démontrant que 16% des 12,7 millions de nouveaux cas de cancer sont d'origine infectieuse. Ils pourraient donc être évités par les moyens classiques de lutte contre les microbes et les virus.
Quatre bactéries causent 1,9 million de nouveaux cas
Jusque-là, la proportion de cancers provoqués par une infection, d'origine bactérienne donc, n'avait pas été établie avec autant de précision.
Dans leur étude publiée dans la revue britannique Lancet Oncology, les scientifiques français du Circ précisent qu'"une quinzaine de virus, bactéries ou parasites sont connus depuis longtemps pour être à l'origine de cancers". Or, précise Catherine de Martel, l'un des auteurs, "parmi tous ces agents infectieux, quatre causent à eux seuls 1,9 million de nouveaux cas de cancer chaque année, c'est-à-dire la très grande majorité de cancers d'origine infectieuse".
Possible d'éviter un cancer sur 6
Lesdits agents infectieux sont la bactérie Helicobacter pylori (à l'origine des cancers de l'estomac), des virus des hépatites B et C (cancers du foie) et de Papillomavirus (cancers de l'utérus). Or, des traitements existent contre la plupart de ces microbes. Ce qui signifie qu'en les traitant, il serait potentiellement possible d'éviter un cancer sur six dans le monde.
Papillomavirus est par exemple détectable chez les femmes en pratiquant un frottis régulier. Par ailleurs, des vaccins existent contre ce virus, comme pour le virus de l'hépatite C.
"L'indispensable dépistage du cancer du col de l'utérus"
Ce sont les régions les moins développées qui sont les plus touchées par les cancers d'origine infectieuse. Ils y représentent 23 % des cas, contre seulement 7 % dans les pays les plus développés. En cause notamment, un contrôle moins important des infections dans ces pays.
Des méthodes existent pourtant, comme "la vaccination contre l'hépatite B, le dépistage du cancer du col, le respect de règles hygiéniques strictes lors des injections pour prévenir la transmission du virus de l'hépatite C et le traitement des infections symptomatiques par Helicobacter", rappelle le docteur Martel au Figaro.
"Les pays développés, dont la France, ont à leur disposition des moyens efficaces de prévention et de traitement des infections. Mais il faut encore lutter contre certaines réticences à la vaccination et insister sur l'indispensable dépistage du cancer du col de l'utérus", explique au Parisienle docteur Martel.