Ces deux milliardaires qui veulent "acheter" les Etats-Unis

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GROS SOUS - Les richissimes et très discrets frères Koch financent la campagne des républicains pour les élections de mi-mandat à coups de millions de dollars.

Quand on dispose de millions, voire de milliards de dollars et qu’on a des convictions, la tentation de se servir de son argent pour peser sur le jeu politique est grande. Aux Etats-Unis, les frères Koch ne s’en privent pas : ces discrets milliardaires, sixième fortune du pays, dépensent des millions pour soutenir les républicains dans la campagne pour les élections de mi-mandat, organisées le 4 novembre. Et incarnent à merveille l’emprise des lobbies sur la sphère politique américaine.

Libertariens et climatosceptiques. Ces deux héritiers de l’empire industriel Koch, dont les activités vont du pétrole à l’élevage, en passant par la production de papier toilette, sont des habitués en la matière. Depuis les années 1970, ils financent diverses fondations et organisations influentes, comme le Cato Institute, un think tank libertarien qui plaide pour la liberté individuelle et le minimum d’intervention de l’Etat. Les deux frères, qui ne croient pas au réchauffement climatique, financent aussi largement les études, recherches et organisations climatosceptiques. Et à chaque élection, ils investissent bien sûr des millions pour soutenir des candidats.

Les Koch sont secrets : leur entreprise, la deuxième plus grande des Etats-Unis, n’est pas cotée en bourse. Eux-mêmes n’aiment pas s’étaler dans les médias. Sauf en 1980, quand David Koch, le cadet, décide de se lancer dans la course à la Maison-Blanche, comme candidat sur le ticket libertarien d’Ed Clark, rappelle Le Temps. Leur programme ferait presque sourire : suppression des écoles publiques, de la CIA, du FBI et de la "Social Security". Les deux candidats ne récoltent qu’1% des voix.

Une pancarte contre les frères Koch lors d'une manifestation pour le climat : 

Manif pour le climat, contre les frères Koch - 1280

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Obama, "socialiste pur et dur". Depuis, les frères Koch préfèrent œuvrer dans l’ombre, en finançant les républicains les plus extrémistes ou le Tea Party. Dans le camp démocrate, on les accuse en 2013 d’être à l’origine du "shutdown", cette paralysie ubuesque des institutions américaine en raison d’un désaccord des parlementaires sur l’Obamacare, la loi d’Obama sur l’assurance santé. Les frères Koch et leurs diverses organisations sont alors en première ligne pour financer des spots télévisés contre cette réforme, écrivait à l’époque Le Monde.

Leur bête noire, c’est Barack Obama, ce "socialiste pur et dur", selon les mots de David Koch. Tout est bon pour lui barrer la route. Depuis le début de l’année, leur organisation Americans for Prosperity aurait déjà dépensé 50 millions de dollars en publicités pour soutenir des candidats républicains, selon le site Politico. La somme vous semble hallucinante ? Ce n’est pourtant qu’une petite partie du budget de campagne prévu par les deux frangins, qui s’élève, selon plusieurs médias, à près de 300 millions de dollars.

Ils tentent "d’acheter le pays". Ce budget comprend notamment le financement de leur Super PACS. Depuis quelques années, la législation américaine permet en effet la création de ces organisation qui peuvent, contrairement aux candidats ou aux partis, recevoir des dons illimités de particuliers ou d’entreprises. Et ce sans avoir à divulguer la liste de leurs donateurs. Pour la première fois, les frères Koch ont lancé le leur, cet été, en prévision des élections de mi-mandat de novembre. Son nom : "Freedom Partners Action Fund". 

Cette nouvelle émanation de la galaxie Koch peut aussi désormais financer des clips qui ne parlent plus seulement d’une thématique (impôts, environnement, santé…) mais bien des publicités appelant à voter pour un candidat bien précis. En dehors de leur sphère d’influence, les deux industriels n’ont pas bonne presse.

L’opacité de leurs organisations est critiquée. Côté démocrate, même s’il existe aussi des milliardaires qui financent les campagnes, les deux frères font grincer des dents, à commencer par celle du sénateur démocrate Harry Reid, qui résume ainsi la situation : selon lui, les frères Koch essaient tout simplement "d’acheter le pays".