L'INFO. "Il y a un Code pénal et une Constitution écrite exclusivement pour cette famille, et une autre pour les Colombiens". Cette charge est signée Sebastian Marroquin, qui n'est autre que le fils de Pablo Escobar, l'ex plus grand trafiquant de drogue le plus célèbre au monde, tué lors d'une opération spéciale de la police en 1993. La raison de sa colère ? La Colombie l'empêche de commercialiser ses tee-shirts qui reprennent l'imagerie et certains documents d'époque de son père, rapporte jeudi El Pais.
Il change de nom. Et pourtant, il y a encore quelques années, rien ne reliait Sebastian Marroquin à ce lourd héritage. A 16 ans, son identité a été changée. Son prénom Juan Pablo, trop proche de celui de son père, était trop lourd à porter. "A sept ans, ma vie était celle d'un délinquant", se souvient Sebastian Marroquin. C'est en 2009 qu'il quitte cet anonymat lorsque sort le documentaire qui a fait grand bruit en Colombie, Les péchés de mon père. Dans ce reportage, Sebastian Marroquin demandait pardon, notamment aux enfants de l'ancien candidat à la présidentiel Luis Carlos Galan et de l'ancien ministre de la Justice, Rodrigo Lara Bonilla, assassinés sur ordre de son père.
Des imprimés ambigus. Cet homme, aujourd'hui âgé de 36 ans et qui vit à Buenos Aires en Argentine, est architecte de formation. Mais en 2012, il s'est lancé dans un commerce du textile un peu particulier. Il fabrique des vêtements qui reprennent l'iconographie du plus puissant trafiquant de drogue de l'histoire de la Colombie. Le nom de sa marque : Escobar Henao, du nom de son père et de sa mère, avec la mention "nous croyons dans la paix". Sur les fameux tee-shirts (vendus entre 44 et 70 euros), des imprimés de la carte d'étudiante, de son permis de conduire ou bien encore de la carte d'identité de Pablo Escobar. Le créateur de la marque fait preuve d'ambigüité, en appelant à la réflexion sur une vie dévouée à la délinquance. Exemple : l'un des tee-shirts est illustré par le casier judiciaire de 1970 du baron de la drogue, où il apparaît sans antécédent judiciaire avec la mention "Où vas-tu ? Réfléchis y !". Des jeans ont également été confectionnés. Dans la dernière collection, figure le portrait d'Escobar à l'intérieur des poches.
"Un lieu d'expression textile". Sebastian Marroquin se définit, lui, comme un pacifiste. "Je n'ai jamais été en faveur de la violence. Moi aussi j'étais en quelque sorte victime de cette violence (…) J'étais le seul à l'époque à manifester une opposition à la façon de faire de son père", a-t-il affirmé dans un quotidien colombien. "Je ne crois pas qu'un tee-shirt va rendre les jeunes plus ou moins violents. Il permet de susciter le débat avec des messages sans équivoque sur la paix", se justifie le fils d'Escobar. Pour lui, cette marque n'est "qu'un lieu d'expression textile sur ce que j'ai appris sur la lutte contre la drogue en Colombie". Pour prouver sa bonne foi, Sebastian Marroquin a même tenté de donner de l'argent à des fondations mais cela lui a été refusé car celles-ci ont émis des suspicions sur l'origine des fonds.
La Colombie lui refuse la vente. Sa marque a connu un bon accueil au Mexique. Les vêtements sont vendus dans des magasins ou par Internet à Los Angeles, New York, au Guatemala, au Chili, mais aussi en Belgique. Jusqu'ici en revanche, la Colombie lui a refusé la vente au titre que l'imagerie de la marque est associée à la violence qui a fait des milliers de victimes dans les années 80 et 90. Selon la Chambre de commerce et de l'industrie, cette marque porte atteinte à "la société colombienne et à l'ordre public". Sebastian Marroquin va faire appel de cette décision.
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