L’INFO. Alors que les dirigeants de la planète sont réunis au G20 de Saint-Pétersbourg en Russie avec la Syrie au menu, la situation humanitaire continue d’empirer : le quart des habitants du pays sont aujourd'hui réfugiés ou déplacés. Sans compter le nombre de morts qui augmente chaque jour dans tout le pays. Depuis plusieurs jours, la communauté internationale se fait plus pressante sur l'idée d’une intervention militaire après l’attaque chimique attribuée au président syrien. Alors que se pose la question d'un soutien accru aux rebelles, le New York Times a publié jeudi une vidéo où certains d'entre eux exécutent des soldats de l’armée de Bachar al-Assad,
Que voit-on dans la vidéo ? Idlib, dans le nord de la Syrie, au mois d’avril dernier. Sept prisonniers, soldats de Bachar al-Assad, sont maintenus face contre terre par des rebelles armés. Ces loyalistes au régime syrien ont encore des stigmates sur le dos. Le chef de cette unité combattante récite des vers révolutionnaires. "Depuis cinquante ans, ils sont complices de la corruption. Nous jurons devant Dieu que nous prendrons notre revanche", assure le chef, identifié par le New York Times comme étant Abdul Samad Issa, 37 ans. Puis, celui-ci tire une balle dans la tête de l’un des soldats loyalistes et ses hommes l’imitent. Les corps de ces soldats, qui avaient été capturés au mois de mars dernier, sont ensuite jetés dans un puits. Ce document a fuité il y a quelques jours hors de Syrie via des rebelles "dégoûtés par les tueries" et offre, selon le quotidien, "un sinistre aperçu des tactiques brutales dont ils font usage sur le régime qu’ils essayent de renverser".
Qui est le chef ? Abdul Samad Issa dirige un groupe de 300 combattants. Son père était déjà un opposant au père de Bachar al-Assad, Hafez al-Assad. Il aurait disparu en 1982. Abdul Samad Issa pense qu’il a été tué lors d’un massacre. Ce chef est connu pour ses positions contre le gouvernement et a déjà été emprisonné à plusieurs reprises. Lorsque la révolution a commencé il y a deux ans, il s’est engagé, voyant dans ce mouvement un moyen de solder les comptes du passé. Abdul Samad Issa aurait même dirigé un camp d’entraînement pour rebelles, à proximité de la frontière turque, rapporte le quotidien américain. Il aurait promis aux combattants d’exterminer les Alaouites, la communauté dont est issu le président Assad. Cette année, il aurait collecté des armes en provenance de businessmen arabes. Selon le New York Times, il y a en Syrie, un "environnement criminel, peuplé de gangs, de kidnappeurs et de tueurs".
Ce n’est pas la première fois que les rebelles sont pointés du doigt pour avoir employé des méthodes douteuses. France 3 avait diffusé une vidéo en 2012 qui montrait le sort réservé aux chabihas, les miliciens du régime d’Assad, conduits près d’un mur et fusillés sur le champ.
La menace des radicaux. Derrière ces événements tragiques liés à la guerre civile, la communauté internationale s’inquiète de la présence d’Al-Qaïda ou de djihadistes radicaux dans les rangs des rebelles. Lors de son audition à Washington mercredi, le secrétaire d’Etat John Kerry assure pourtant qu’il existe bien "une opposition modérée" en Syrie. Sur les 70.000 ou 100.000 rebelles, il n’y aurait que "15 ou 20% d’extrémistes", dit-il. Un argument fustigé par Vladimir Poutine, le président russe et fidèle allié d’Assad. "Ils ont menti à merveille, évidemment. J'ai vu les débats au Congrès. Un parlementaire a demandé à M. Kerry : 'Est-ce qu'Al-Qaïda se trouve là-bas ?' Il a dit : "Non, je vous dis en conscience que ce n'est pas le cas", a affirmé l’homme fort du Kremlin. En réalité, la situation sur le terrain est très variable selon les régions, plus ou moins touchées par l’influence des islamistes radicaux. A Alep ou à Idlib, leur présence est réelle alors qu’à Ghouta, le lieu de l’attaque chimique qui a accéléré les velléités internationales, les djihadistes sont loin d’être majoritaires. Si des groupes comme "Al-Nosra" ou "Etat islamique d’Irak et de la Syrie" sont clairement reliés à Al-Qaïda, d’autres sont beaucoup plus hétéroclites.
Un soutien militaire accru. Ces liens avec le djihadisme sont surveillés de près par les Occidentaux mais l’heure est plutôt à l’accroissement de l’aide étrangère. Les Etats-Unis envisagent d’ailleurs d'étendre leur soutien militaire aux rebelles syriens et de mettre fin à son caractère clandestin en le transférant de la CIA au Pentagone. Ce soutien militaire, qui passe par la formation de rebelles modérés, précédemment sélectionnés, et la fourniture d'armes a été décidé en juin par le président Barack Obama après que Washington eut reconnu que le régime de Bachar al-Assad avait utilisé des armes chimiques contre sa population. Il s'effectue à l'heure actuelle sous le contrôle de la CIA, offrant la possibilité à l'administration américaine de rester muette sur le sujet. Transférer la responsabilité du soutien militaire au Pentagone permettrait également d'agir à "plus grande échelle" que la CIA ne peut le faire, selon une information du Wall Street Journal. "Nous sommes prêts à faire plus pour aider l'opposition syrienne", a laissé entendre mercredi le secrétaire d'Etat John Kerry devant les élus de la commission des Affaires étrangères de la chambre des Représentants.