Il tire la sonnette d’alarme. Charles Aznavour est sorti de son silence, lundi matin, sur Europe 1, pour évoquer le sort des chrétiens et des minorités, actuellement massacrés en Irak ainsi qu’en Syrie, par les soldats de l’Etat islamique. "Je suis préoccupé par cette population qui est massacrable", a-t-il expliqué au micro de Thomas Sotto, en faisant aussi bien référence aux chrétiens qu’aux kurdes. "Je suis sorti de mon silence il y a longtemps mais personne n'écoute, ne répond."
"On ne peut pas vivre en égoïste"
Pour le chanteur franco-arménien, il faut accueillir ces populations afin de les sauver. "Prenez-en un chez vous ! Aidez-les à rentrer quelque part ! Trouvez-leur un appartement !", a-t-il appelé.
Le monument de la chanson française a estimé que cela pourrait être une manière de repeupler les villages délaissés de France. "Oui, et ces villages ont besoin d'être repeuplés ! La mairie existe toujours, la Poste, l'Eglise est vide... On ne peut pas vivre comme ça, en égoïste ! Il faut faire quelque chose", a-t-il martelé.
"La France ne peut pas héberger toute la misère du monde", avait déclaré l’ancien Premier ministre Michel Rocard, à la fin de l'année 1989. Une phrase sur laquelle Thomas Sotto a fait réagir Charles Aznavour : "Il a parfaitement raison mais ce n'est pas toute la misère du monde, mais une misère du monde ! Elle est immédiate, on en a besoin maintenant !"
Le Franco-arménien s’est ensuite exprimé sur les 40 chrétiens d’Irak, arrivés en France jeudi dernier. "J'applaudis ! Quand on commence à faire ce genre de choses, si M. Fabius (le ministre des Affaires étrangères, ndlr) l'a fait, il ne va pas en rester là ! Ce n'est pas un coup politique ! Je pense qu'il l'a fait du fond du cœur ! Quarante familles, c'est formidable. Ils veulent s'installer quelque part où ils peuvent aider leurs enfants, les nourrir, travailler, vivre décemment."
La communauté internationale joue-t-elle son rôle?
Le rôle de la communauté internationale n’est-il pas, avant tout, de protéger ces minorités là-bas ? "Oui", répond l’homme, âgé de 90 ans, "mais il faudrait les armer et là ils ne veulent pas le faire! La France donne des armes mais elle n'envoie pas une armée!"
Représentant permanent de l’Arménie au sein de l’ONU, Charles Aznavour "ne sait pas" si les Nations Unies jouent leur rôle dans ce conflit. "Je ne me préoccupe pas de cela. Je vais direct vers l'humanitaire, moi." Il est en revanche sûr d’une chose : il ne faut pas essayer de négocier avec les djihadistes. "On ne discute pas avec des étrangleurs ! On fait comme eux : vous égorgez, on égorge ! Oeil pour oeil, dent pour dent !", assène-t-il.