L’étau semble se resserrer autour du suspect. Une chasse à l'homme était en cours lundi à Brindisi, dans le sud-est de l'Italie, pour retrouver le ou les auteurs de l'attentat choc, qui a coûté la vie à Melissa Bassi, une lycéenne de 16 ans, et a blessé grièvement cinq de ses camarades. Un homme, disparu depuis plusieurs jours, a été identifié, localisé et interrogé.
"Il aurait été trahi par une main blessée, clairement visible sur la vidéo prise devant l'école", a indiqué le journal Corriere della Sera sur son site internet. L'homme, qui avait disparu depuis plusieurs jours, a été localisé. Il s'agirait d'un homme de 45 ans, habitant à 200 mètres du lieu de la tragédie. L'individu, qui touche une pension d'invalidité, arrondirait ses fins de mois en réparant des téléviseurs. Il était lundi interrogé par la police, selon l'agence italienne Ansa. "Des contrôles de routine sont en cours pour vérifier s'il a un alibi après des signalements qui sont arrivés et qui nécessitent d'être contrôlés", ont indiqué les mêmes sources du parquet de Brindisi. Peu de temps auparavant, son frère avait été emmené à la préfecture pour être interrogé.
Un portrait-robot
Plusieurs journaux diffusaient lundi un portrait-robot de l’auteur présumé de l’attentat. Il représente un homme d'une cinquantaine d'années, d'aspect occidental, le visage flouté, cheveux en brosse, portant une veste sombre, un pantalon beige et des tennis. Un croquis, qui a pu être élaboré à partir des images de caméras de surveillance installées près du lycée, devant lequel l'auteur a fait exploser un engin artisanal confectionné à partir de trois bonbonnes de gaz.
Selon la presse, les enquêteurs soupçonneraient deux personnes, mais personne n'a encore été officiellement inculpé, a précisé le parquet de Brindisi. Au cours d'une conférence de presse sur place, la ministre de la Justice, Paola Severino, a souligné qu'il ne s'agissait que "d'informations de presse".
Des vidéos
Précisant que les enquêteurs concentraient leurs recherches sur Brindisi, Tarante et Lecce (trois villes des Pouilles), la ministre a appelé à la "prudence" sur les motifs de l'explosion, précisant "n'exclure aucune hypothèse". "Ce qui est sûr c'est que la clef de l'horreur, ce qui a déclenché une telle violence est lié à cette école", a indiqué un enquêteur au journal Repubblica.
Et pour cause, des vidéos visionnées par des journalistes semblent montrer que le suspect a choisi ses victimes. On y voit un individu qui regarde des lycéennes, dont Melissa, descendre d'un autobus les amenant de leur village de Mesagne, près de Brindisi, avant d’appuyer sur une télécommande, ou la touche d'un téléphone portable, pour déclencher la bombe.
La piste pédophile n’est pas exclue
C’est pourquoi la justice n'exclut pas la piste pédophile, a affirmé en milieu de journée l'envoyé spécial du Sole 24 Ore sur le site internet du journal. Celui-ci indique que les enquêteurs "semblent passer au tamis les milieux qui gravitent autour du monde de la pédophilie". Le motif serait "celui que personne jusqu'à présent n'a osé évoquer : la vengeance meurtrière contre des jeunes filles mineures dont le seul tort serait d'avoir repoussé les avances d'un homme d'âge mûr", selon le journaliste.
Dès dimanche, le procureur de Brindisi, Marco Dinapoli, avait dit privilégier l'hypothèse d'un "acte isolé", peut-être de quelqu'un "en guerre avec le reste du monde".
Un ex-patron de la Sacra Corona Unita (SCU), la mafia des Pouilles (région de Brindisi), a d’ores et déjà exclu toute responsabilité de cette organisation. "On ne touche pas aux enfants (...) La Sacra Corona Unita ne fait pas ce genre de choses", a expliqué Tonino Screti, ex-trésorier de la SCU. Pour lui, c'est l'œuvre d'un "déséquilibré", car même les mafieux les plus féroces "ne déposent pas de bombes pour tuer des innocents".