L’INFO. Le Chili l’un des pays d'Amérique latine où l'interruption de grossesse sous toutes ses formes reste illégale. Le cas d'une fillette de 11 ans, surnommée Belen pour protéger son identité, enceinte de plus trois mois après avoir été violée par son beau-père, a rouvert le débat sur l'avortement dans ce pays conservateur.
Le beau-père arrêté. Cette affaire, qui a suscité une polémique nationale, a été révélée la semaine dernière. La grand-mère de la fillette qui vit à Puerto Montt, à 1.000 km au sud de la capitale Santiago, a dénoncé son beau-fils après la confirmation de la grossesse lors d'une visite médicale. Cet homme a rapidement reconnu avoir violé l'enfant.
"Je vais l’aimer". La fillette a affirmé mardi qu'elle était prête à avoir le bébé, dans une interview à la chaîne de télévision Canal 13. "Ce sera comme une poupée que je tiendrai dans mes bras. Je vais l'aimer beaucoup même si elle est de cet homme qui m'a fait du mal, cela ne fait rien, je vais l'aimer", a affirmé la petite fille.
Pinera "touché". L'avortement thérapeutique a été autorisé au Chili puis aboli durant la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990). Depuis cette affaire, les lignes comment doucement à bouger. L’actuel président Sebastian Pinera a avoué s'être senti "touché" par les déclarations de la fillette dont la grossesse pourrait mettre sa santé en danger du fait de son jeune âge. "J’ai demandé au ministre de la Santé qu’il s’occupe personnellement de la santé de Belen", a-t-il martelé.
Sebastian Pinera a assuré que si un accouchement prématuré se produisait, la vie de la mère devait être la priorité. "Après 22 semaines de grossesse, s'il était nécessaire de provoquer une naissance prématurée, il faudra suivre cette thérapie, parce que dans notre pays la vie de la mère arrive en premier", a-t-il assuré. Avancer l’accouchement : telle était la solution proposée également à Beatriz, une femme atteinte d’une maladie grave et qui n’avait pas été autorisé à avorter au Salvador il y a quelques semaines, relève El Pais, en écho à cette affaire. L'enfant est par la suite mort-né.
Bachelet se mobilise. Plusieurs organisations féministes ainsi que des personnalités politiques, dont l’ex-présidente chilienne Michelle Bachelet, se sont manifestées en faveur de la légalisation de l'avortement en cas de viol ou de risques pour la mère.
A l’inverse, les dirigeants conservateurs de l’Union démocrate indépendante, le parti majoritaire, défendent l’interdiction. "Nous ne voulons aucun type d’avortement, pas même thérapeutique", a déclaré la porte-parole du gouvernement, Cecilia Perez. Un député conservateur est même allé plus loin. "Au moment où la femme a ses premières règles, c’est que son organisme est prêt pour être mère, pour enfanter. Ce ne sont pas les conditions idéales mais si on pense au Moyen Age ou à la Renaissance, les femmes étaient mères à 14, 15 ou 16 ans", a soutenu Issa Kort sans sourciller avant de s’excuser sur Twitter :
"Je veux demander pardon à toutes les personnes qui se sont senties offensées par mes propos. Je réaffirme mes idées pro-vie depuis la naissance. Merci"
Quiero pedir perdón a todas las personas que se han ofendido con mis dichos. Reafirmo mi postura pro vida desde la concepción. Gracias.— Diputado Issa Kort G (@issakortg) July 9, 2013
La députée, Maria Antonieta Saa, du Parti pour la démocratie (PPD), a d’ores et déjà proposé un projet de loi qui permettrait l’avortement en cas de mise en danger de la mère, en cas de viol ou d’un fœtus qui n’est pas viable, rapporte le site d'informations, Sispe. Une proposition qui pourrait être reprise à son compte par la candidate socialiste à la présidentielle du 17 novembre prochain, la très populaire Michelle Bachelet.
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