Chine : Gao Yu, une figure de la liberté sous les verrous

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A 71 ans, la journaliste, figure de Tiananmen, fera son troisième séjour dans les prisons chinoises.

Elle a été de tous les combats pour la liberté en Chine. A 71 ans, Gao Yu a été condamnée vendredi à sept années de prison à Pékin pour avoir divulgué des "secrets d'Etat". La journaliste chinoise n'est pas une énième victime de l'autoritarisme chinois. Elle est surtout un symbole de la liberté d'expression.

Journaliste-activiste. Par deux fois dans sa vie, Gao Yu a connu les geôles de Pékin. Elle est une importante figure de la révolte de la place Tiananmen en 1989. La journaliste et activiste avait été emprisonnée immédiatement après les manifestations et relâchée près d'un an plus tard pour des raisons médicales.

Son engagement pour la liberté en Chine est toujours allé de pair avec son travail de journaliste, qu'elle a débuté à la fin des années 70 pour l'agence officielle chinoise. Mais rapidement, elle prend les rênes d'un organe de presse dissident. Comme le rappelait France 3 dans un sujet consacré à la journaliste, elle avait été condamnée en 1996 sur un prétexte identique, "divulgation de secrets d'Etat". En réalité, Gao Yu s'était intéressée de trop près à la famille de Deng Xiaoping, n°1 du parti communiste dans les années 80. Elle a été relâchée quatre ans plus tard pour des raisons médicales, se félicitait à l'époque Amnesty international.

Le poil à gratter de Pékin. Au cours de sa détention, Gao Yu est devenue la première lauréate du prix pour la liberté d'expression attribué par l'Unesco. En 2000, elle avait été nommée parmi les 50 héros mondiaux de la liberté de la presse par l'Institut international de la presse. La Deutsche Welle, la radio internationale allemande pour qui elle travaille notamment, la décrit comme "l'une des journalistes les plus intrépides de Chine". Lors d'une visite à New York, rapporte la radio allemande, elle avait parlé du régime chinois comme d'une "combinaison d'un nazisme des derniers jours et du communisme stalinien". La vidéo de cette intervention est toujours disponible sur Youtube.

Des confessions forcées. Cette fois-ci, elle a été condamnée pour avoir prétendument transmis à un site internet basé aux Etats-Unis un document interne du Parti communiste chinois qui prônait un renforcement de la censure contre les idées réformistes. Ancienne rédactrice en chef-adjointe du magazine Economics Weekly, porte-voix de dissidents chinois, elle avait été arrêtée fin avril 2014, dans une vague de mises à l'écart de militants des droits de l'Homme à l'approche du 25e anniversaire de la répression du Printemps de Pékin place Tiananmen.

Le 8 mai 2014, la journaliste était apparue à la télévision d'Etat chinoise, dans un reportage où elle admettait ses fautes. "Je considère que mes actions ont porté atteinte aux intérêts nationaux. C'était mal", pouvait-on l'entendre dire. Gao Yu ajoutait : "J'apprends cette leçon et je veux avouer mon crime". Mais, a-t-elle expliqué plus tard à ses avocats, ces aveux lui ont été extorqués.

De très nombreuses associations de défense des droits de l'homme, comme Reporters sans frontières ou encore Amnesty international, ont exigé sa libération. Mais à 71 ans et avec une santé fragile, Gao Yu pourra-t-elle supporter la prison une nouvelle fois ?

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