Le 18e Congrès du Parti communiste chinois s'ouvre jeudi pour six jours. Plus que le passage de relais attendue entre Hu Jintao, le président sortant et Xi Jinping, son très probable successeur et actuel vice-président, le Parti communiste chinois va devoir amorcer la transition, aussi bien sur la politique intérieure que sur la diplomatie. Un virage ambitieux pour une direction rajeunie. Europe1.fr vous décrypte les principaux enjeux de ce changement de pouvoir.
Faire oublier l'affaire Bo Xilai
Pris dans le tourbillon Bo Xilai, l'ex-haut dirigeant chinois, le PCC va tenter de tourner la page. "Les problèmes de Bo Xilai (...) sont intervenus à des niveaux élevés à l'intérieur du Parti et constituent de graves affaires de corruption", a souligné un porte-parole du parti, qui a formellement exclu de ses rangs dimanche l'ancien chef du PCC dans la municipalité de Chongqing, l'exposant ainsi à des poursuites pénales, ainsi que Liu Zhijun, ancien ministre des Chemins de fer limogé l'an dernier pour "de graves infractions à la discipline". "Notre pays est une société en mutation, dans laquelle la corruption est fréquente. C'est un problème difficile et qui sera long à régler par le Parti", a ajouté le porte-parole.
Engager des réformes
La voix du peuple se fait de plus en plus prégnante, avec notamment le développement de Weibo, le Twitter chinois. Ils sont ainsi de plus en plus nombreux à réclamer au plus vite des réformes dans un pays où la politique est d'ordinaire l'affaire des seuls dirigeants. Les réformistes militent pour une réduction des privilèges des entreprises nationales, pour une aide aux ruraux qui s'installent en ville ou encore pour une refonte du système fiscal qui pousse actuellement les gouvernements locaux à des expropriations abusives.
Changer le mode de désignation de la direction
Sur Weibo, toujours, les internautes ont ironisé mardi sur le mode de désignation de leur président, alors que celui des Etats-Unis été sur le chemin de la Maison-Blanche. "Pourquoi donc les Chinois ont-ils montré un tel intérêt à l'élection présidentielle américaine ? Parce qu'ils ont abandonné l'idée de s'intéresser à la leur. Ils n'y sont pas autorisés!", a lancé l'un d'eux sur le réseau social. "Dur d'être américain. A un jour de l'élection, ils ne savent toujours pas qui va être leur prochain président. Nous, ça fait cinq ans qu'on le sait", a ajouté un autre.Huit citadins chinois sur dix se sont exprimés en faveur d'une "réforme politique"... qui pourrait intervenir avec Xi Jinping. Ce dernier s'est dit en effet favorable à démocratiser le processus de désignation de la nouvelle direction prévue dans les semaines à venir.
Apaiser les relations avec le Japon
La nouvelle direction du PCC devra aussi gérer la crise diplomatique avec le Japon, née il y a quelques mois de la revendication par chacun de petites îles situées en mer de Chine orientale. Le conflit diplomatique autour de ces îlots a entraîné d'importantes manifestations antinippones en Chine à la mi-septembre, émaillées de violences contre des intérêts et biens japonais, dont les voitures. Début octobre, Pékin avait montré sa très mauvaise humeur en décidant de ne pas envoyer son ministre des Finances et le gouverneur de sa banque centrale au sommet du FMI à Tokyo.
Poursuivre la "coopération" avec les Etats-Unis
Les deux plus grandes puissances du monde renouvellent leur direction en cette fin d'année. Mais cela ne devrait pas affecter leur relation. La réélection de Barack Obama a été accueillie chaudement par Pékin, qui ne voulait surtout pas voir Mitt Romney entrer à la Maison-Blanche. Le président sortant a reçu un double message de félicitation venu de Chine. Outre celui de Hu Jintao, qui souhaite que leurs "relations bilatérales fondées sur une coopération constructive franchissent un nouveau stade", Obama a également reçu un télégramme de Xi Jinping, qui congratule lui aussi le vainqueur.