ACTU. Et si les casinos étaient le remède contre la faillite ? C’est en tout cas l’une des solutions envisagées par le chef de l’Etat chypriote pour sortir de la crise financière dans laquelle son pays est englué. Nicos Anastasiades souhaite ainsi la levée de l’interdiction sur les casinos afin d’attirer les touristes.
Pour le moment, des casinos dans le Nord. A Chypre, aujourd’hui, seule la partie nord du pays, qui appartient à la Turquie, compte des casinos où se rendent des milliers de touristes chaque année. En revanche, dans la partie sud de l’île, qui appartient à l’Union européenne, les casinos sont interdits.
# Ce qu'il y a à gagner
Un vide à combler. L’idée du président chypriote d’avoir recours aux casinos vient de la nécessité de combler un vide, de plus en plus important, causé par le retrait des fonds russes, qui constituaient l’un des piliers de l’économie du pays. "Aujourd’hui, Chypre compte sur l’Union européenne et son plan d’aide, mais ne peut plus compter sur les capitaux russes", confie l’économiste Philippe Waecher, interrogé par Europe1.fr. "Il faut donc que le pays réponde à une problématique de substitution et trouver une autre source de revenus pour combler le vide", ajoute-t-il.
Une idée "cynique". La solution avancée aujourd’hui est celle de l’implantation de casinos. Une idée qu’a du mal à prendre au sérieux l’économiste Anne-Laure Delattre, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). "Quand on voit la manière dont se sont comportées les banques chypriotes, c’est très cynique d’évoquer comme solution le recours aux casinos", explique-t-elle à Europe1.fr. Pour cette spécialiste, les établissements bancaires se sont justement comportés comme des casinos, manquant totalement de transparence, prenant énormément de risques et pour certains blanchissant de l’argent.
# Pourquoi ça risque de bloquer
L’obstacle institutionnel de l’UE. Avant que Chypre puisse implanter des casinos et attirer ainsi des capitaux étrangers, il faut que l’Union européenne donne son accord. "Et cela me semble compliqué", pronostique Philippe Waecher. "La commission va sûrement mettre son nez dans ce dossier et, vu le passé bancaire de l’île, elle risque d’être très tatillonne", ajoute-t-il.
Une fausse bonne idée. Quand bien même l’Union européenne donnerait son autorisation pour la levée de l’interdiction sur les casinos, cette solution ne paraît pas fiable. Certes, "étant donnée sa situation géographique, Chypre pourrait ainsi attirer des capitaux du Moyen-Orient", explique l’économiste. "Mais cela risque de rendre l’économie dépendante de ces capitaux", souligne-t-il.
Une économie fragilisée. L’instauration de casinos à Chypre aurait, pour effet, au final de fragiliser l’économie. "L’économie deviendrait très sensible aux entrées d’argent venant de l’étranger et cela pourrait avoir pour conséquence la création d’une bulle immobilière, par exemple, qui génèrerait des pertes considérables", met en garde Philippe Waecher, qui rappelle "qu’on a vu dans tous les pays où le système bancaire s’est développé de manière trop rapide que cela finissait toujours par se solder par un écroulement de ce système".
Une seule ressource stable, le gaz ? Au lieu de miser sur les casinos, Chypre devrait plutôt miser sur les ressources gazières. C’est la théorie avancée par Anne-Laure Delattre de l’OFCE, "même si pour le moment la taille de ces ressources n’a pas encore été confirmée". L’économiste souligne que "l’industrie minière génèrerait des ressources sans comparaison avec celles des casinos et surtout permettrait de développé plusieurs secteurs, là où les casinos se cantonnent à un seul domaine".