Vu de l’extérieur, Ariel Castro était un Américain on-ne-peut plus banal. Sauf qu’il aurait enlevé et retenu chez lui, à Cleveland, pendant une dizaine d’années, trois jeunes filles qui ont réussi à s’échapper lundi. Il a été inculpé mercredi pour viols et enlèvements.
Cet homme de 52 ans, né à Puerto Rico, n’avait pourtant pas éveillé l’attention dans son quartier. A croire, comme le dit son oncle, Julio, qu’il avait "une personnalité cachée". Côté pile, un voisin discret mais sociable. Côté face, un homme vivant seul qui rapportait pourtant de grandes quantités de nourriture dans sa maison aux fenêtres voilées.
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Un voisin discret et compatissant... Ses voisins décrivent un homme discret, sans aspérité et parfaitement banal, note la BBC. Ariel Castro, amateur de musique et de motos, aimait aussi parler voitures et participait aux barbecues organisés dans sa rue. Pour Juan Perez, qui a grandi dans le quartier, il était "marrant" et les parents vivant dans sa rue lui faisaient confiance.
Le mois dernier, Ariel Castro avait même participé à une veillée pour… Gina DeJesus, pour le neuvième anniversaire de sa disparition. Pendant qu’il réconfortait la mère de la disparue, la jeune femme se trouvait chez lui, séquestrée depuis des années, avec deux autres captives.
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… Licencié pour des manquements. Dans son travail de chauffeur de bus scolaire, Ariel Castro a longtemps eu des évaluations "excellentes". Mais plusieurs manquements ont fini par lui valoir d’être licencié en novembre dernier. En 2004, il "oublie" un enfant à bord de son bus. Il commet ensuite une infraction en faisant demi-tour alors qu’il n’en avait pas le droit, avec un bus rempli d’écoliers. Plus récemment, Ariel Castro est accusé d’avoir utilisé le véhicule pour aller faire ses courses. Son licenciement est finalement prononcé quand il laisse son bus à l’extérieur d’une école après l’annulation de ses trajets, sans en informer ses supérieurs.
Des détails troublants. A Cleveland, dans le quartier à majorité latino où il vivait, ses voisins pensaient qu’il vivait seul. Ariel Castro n’avait plus été vu en compagnie d’une femme depuis son divorce, il y a des années. Mais il a été parfois aperçu en compagnie d’une fillette de six ans au parc ou au McDonald’s du coin. Il expliquait alors qu’il s’agissait de la fille de sa petite amie.
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Rétrospectivement, les habitants du quartier, choqués par cette affaire, se souviennent d’autres détails troublants, rapporte CNN. Pourquoi cet homme vivant seul revenait-il chez lui à la pause déjeuner avec de la nourriture pour plusieurs personnes ? Une voisine a raconté avoir vu, il y a deux ans, une femme nue dans la cour de la maison d’Ariel Castro. Un ami du ravisseur raconte qu’un jour, lors d’une répétition musicale, Ariel Castro l’avait fait tiquer. "Il m’a dit qu’il était de la CIA. Je ne sais pas s’il plaisantait ou pas, mais c’est ce qu’il a dit. Je ne savais pas de quoi il était capable. Cela m’a mis sur la défensive et j’ai commencé à prendre mes distances". Pas de quoi alerter les autorités. Quant aux fenêtres calfeutrées de la maison du ravisseur, elles auraient peut-être pu mettre la puce à l’oreille dans un environnement plus chic, mais pas dans ce quartier un peu délabré.
Et la police ? Ariel Castro a eu affaire à la police à plusieurs reprises. Notamment en 1993, quand il a été arrêté pour des violences domestiques, puis remis en liberté en échange de 10.000 dollars de caution. Les poursuites avaient ensuite été abandonnées. Lors de l’incident de 2004, quand Ariel Castro avait laissé un enfant seul à bord de son bus le temps d’aller déjeuner, une enquête policière n’avait trouvé aucune intention criminelle de la part du chauffeur et la procédure n’était pas allée plus loin. Quant aux quelques signalements des voisins, ils n’ont rien donné. Un voisin, Israel Lugo, assure avoir appelé la police en novembre 2011 car sa sœur avait vu une fille tenant un bébé dans ses bras, demandant de l’aide, dans la maison de Castro. Une patrouille se serait alors rendue sur place et aurait frappé à la porte plusieurs fois. Constatant que personne ne répondait, les policiers seraient alors partis.