Les Colombiens ont marqué dimanche leur préférence dans la course à la présidentielle pour l'ex-ministre de la Défense Juan-Manuel Santos, auréolé par ses victoires sur la guérilla des Farc et désormais largement favori pour le second tour prévu le 20 juin. Selon des résultats officiels portant sur 99% des suffrages exprimés, le candidat du Parti social d'union nationale (Partido de la U, droite) a obtenu 46,6% des voix au premier tour. Le candidat du Parti Vert Antanas Mockus qui le talonnait dans les sondages, arrive finalement deuxième mais loin derrière, avec 21,5% des suffrages exprimés.
"M. Uribe, ceci est votre victoire"
Entouré de sa femme et de ses trois enfants, Juan-Manuel Santos, l'homme qui a réussi le 2 juillet 2008 en tant que ministre de la Défense à faire libérer par l'armée 15 otages des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes) dont la Franco-colombienne Ingrid Betancourt, a remercié Dieu, les Colombiens, les militaires et policiers et bien sûr Alvaro Uribe, le président sortant dont il se dit l'héritier. "M. Uribe, ceci est votre victoire et celle de tous ceux qui souhaitent préserver votre immense héritage", a-t-il déclaré en promettant s'il est élu au second tour de nommer un "gouvernement d'union nationale".
Trente millions de Colombiens étaient appelés à se prononcer sur le successeur d'Alvaro Uribe dont la politique de fermeté à l'égard de la guérilla des Farc reste très populaire. En huit ans, depuis son arrivée au pouvoir, les Farc ont été éloignées des villes et elles ne comptent plus que 7 à 10.000 combattants selon les estimations, contre 17.000 en 2002. En outre, la Colombie attire davantage les investisseurs étrangers et les touristes, malgré les Farc.
Mockus misait sur la morale
Antanas Mockus, ex-maire de Bogota, avait pourtant semblé séduire les électeurs en leur proposant de restaurer une certaine "morale" dans la société colombienne gangrenée par la "culture du narcotrafic". Il avait également dénoncé les "excès" de la lutte contre la guérilla, en particulier les exécutions extrajudiciaires attribuées à l'armée. Mais il n'a pas obtenu le score de plus de 30% que lui promettaient les sondages.
Pour stopper son ascension, à un mois du scrutin, Juan-Manuel Santos avait changé du tout au tout sa stratégie de campagne en recentrant son message sur la principale préoccupation des Colombiens, le chômage, dans un pays où 46% de la population vit sous le seul de pauvreté.