L’information décisive a été fournie par le cerveau présumé des attentats du 11-Septembre.
La mort d’Oussama ben Laden dans l’assaut des forces spéciales américaines est le résultat d’une enquête de longue haleine. Les premières informations décisives parviennent à la CIA en 2004. C’est Khalid Sheikh Mohammed, le cerveau présumé des attentats du 11-Septembre, qui donne le renseignement décisif, celui qui a permis de remonter la piste de Ben Laden. Il informe ses interrogateurs de l’existence d’un "courrier", particulièrement proche du leader d’Al-Qaïda.
Au départ, les agents américains ignorent le nom et les activités de ce messager. Ils ne découvrent son identité qu’en 2007. Et en 2009, ils obtiennent une nouvelle information de source fiable : le messager et son frère opèrent près d’Islamabad, au Pakistan.
En août 2010, les Etats-Unis localisent la résidence d’Abbottabad, près d’une académie militaire pakistanaise, au bout d’une route non-goudronnée. Par le biais de photos de l'Agence nationale de renseignement géospatial (NGA), prises à partir de satellites espions et d'avions, ainsi que par des écoutes de la NSA, la CIA établit que la résidence est équipée de moyens de sécurité inhabituels.
Début 2011, la CIA acquiert la certitude qu'une cible "importante" se trouve dans la résidence d'Abbottabad et que la probabilité est forte qu'il s'agisse de Ben Laden. Mais la CIA, jusqu’à l’assaut de dimanche, n’en a jamais eu la certitude absolue.
KSM a subi 183 fois le waterboarding
La réussite de l’opération des forces spéciales relance le débat sur les pratiques utilisées par les interrogateurs américains pour extorquer les aveux des terroristes présumés. Avant de fournir l’information décisive sur le courrier, Khalid Sheikh Mohammed a subi 183 fois le "waterboarding", une simulation de noyade, ont reconnu les responsables américains.
KSM finit par parler en 2004, après la suspension de cette pratique, suite à des accusations de torture à l’encontre de Washington. La CIA continuait toutefois de pratiquer des techniques d’interrogatoires physiquement oppressantes.
Pour les anciens de l’administration Bush, la mort de Ben Laden montre le succès de ces techniques. Paul Wolfowitz, ancien secrétaire adjoint à la Défense, a estimé que le succès de l'opération "reposait largement sur certaines de ces politiques controversées".