Comment Serge Lazarevic a été libéré

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avec Gwendoline Debono , modifié à
LES COULISSES - Un médiateur nigérien, Mohamed Akotey, a réussi à négocier la libération de l’otage franco-serbe.

Après plus de trois ans de captivité au Sahel, Serge Lazarevic est enfin libre. La libération de celui qui était le dernier otage français dans le monde a été annoncée mardi par François Hollande. Depuis la diffusion, à la mi-novembre, d’une preuve de vie de l’otage, la médiation semblait s’accélérer. Elle a donc fini par aboutir. Europe 1 vous emmène dans les coulisses de cette libération.

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Le rôle du médiateur nigérien. Enlevé le 24 novembre 2011 à Hombori, Serge Lazarevic était détenu par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Kidnappé en même temps que lui, Philippe Verdon, a été retrouvé mort, tué d’une balle dans la tête, en juillet 2013. Serge Lazarevic, lui, a été libéré dans la région de Kidal, à environ 600 kilomètres du lieu de l’enlèvement.

L’homme qui a réussi à négocier cette libération s’appelle Mohamed Akotey. Ce Nigérien était déjà à l’œuvre lors de la libération des otages français d’Arlit en octobre 2013. Ce quinquagénaire discret, mais efficace, "a beaucoup de connaissances dans les communautés de Kidal", ce qui lui a "toujours facilité l’accès à ceux qui détiennent les otages", explique sur Europe 1 le ministre nigérien des Affaires étrangères, Mohamed Bazoum.

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Une grande autorité au Sahel. Car Mohamed Akotey est un Touareg, issu de la tribu des Ifoghas. Son oncle est une icône de la rébellion touarègue. Au Sahel, la maîtrise des liens familiaux et des relations claniques est souvent la clé des négociations. Mohamed Akotey, qui a fait une partie de ses études en France, à la Sorbonne, jouit d’une grande autorité dans la région. Ce francophone et francophile, homme de réseaux, a d’abord dirigé un mouvement touareg avant de devenir ministre au Niger, en 2007, puis président d’une société minière détenue par Areva.

C’est pourquoi les acteurs du dossier lui laissent les mains libres pour négocier la libération otages du groupe nucléaire français, Pierre Legrand, Daniel Larribe, Thierry Dol et Marc Féret. En 2010, il rencontre Abou Zeid, l’un des plus grands chefs d’Aqmi. La négociation finit par aboutir en 2013 et dès le lendemain, il s’attaque à la libération de Serge Lazarevic. "Je pense qu’il a dû travailler sur le dossier pendant très longtemps et il a fait plus d’un voyage dans cette région", souligne le ministre Mohamed Bazoum.

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Deux ravisseurs libérés. De la libération de Serge Lazarevic, on connaît aussi un autre volet : deux prisonniers détenus au Mali auraient été libérés pour que l’otage sorte de détention. Au Sahel, la presse locale évoquait, il y a quelques jours, les noms de Mohamed Ali Ag Wadoussène et Haïba Ag Achérit. D’après nos informations, ces deux hommes ont bien été libérés. Âgés d’une trentaine d’années, ils sont demi-frères par leur mère. Anciens membres de la Garde nationale malienne, ils sont surtout connus pour avoir été directement impliqués dans l’enlèvement de Serge Lazarevic et Philippe Verdon en 2011. 

Le 23 novembre 2011, Mohamed Ali Ag Wadoussène avait en effet loué une chambre dans l’hôtel où séjournaient les deux hommes, alors en voyage d’affaires. Il aurait même passé une partie de la soirée à discuter avec Philippe Verdon. Quelques heures plus tard, des hommes armés débarquaient dans l’hôtel pour enlever les deux Français.

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Mais dans leur fuite, ils oublient derrière eux une carte de recharge téléphonique. Trois jours plus tard, les services maliens les arrêtent à Bamako, où les deux demi-frères étaient en train de faire la fête. Tous deux sont emprisonnés dans la capitale malienne. En juin dernier, rebondissement : Mohamed Ali Ag Wadoussène s’évade et tue un surveillant, avant d’être repris, quelques jours plus tard. Lui et son complice sont désormais libres.