L'annonce de la mort d'Hugo Chavez par Nicolas Maduro, le vice-président, a été subite. Si l'état de santé du "Comandante" s'était dégradé dans les dernières heures, son décès a surpris tout le monde au Venezuela. Pourtant, l'exécutif avait préparé le terrain ces derniers mois mais aussi dans les dernières heures avant que la nouvelle ne soit officialisée vers 23 heures mardi. Retour sur ce "storytelling" vénézuélien.
Chavez installe Maduro
Dès le début de sa maladie, Hugo Chavez a installé Nicolas Maduro, son vice-président, sur le devant de la scène politique. Il en avait fait son successeur, l'homme vers lequel se tourner au cas où. Lors de l'un des derniers séjours médicaux à Cuba, Nicolas Maduro était apparu, à la télévision, sur la passerelle de l'avion au côté d'Hugo Chavez.
Progressivement, il est apparu comme l'homme providentiel. Il est l'un des plus assidus au chevet du président et le fait savoir lors de conférences de presse régulières au cours desquelles, il distille les infos aux journalistes. Nicolas Maduro devient en quelque sorte LA voix de Chavez au Venezuela et est chargé de faire taire les "rumeurs" qui circulent sur son état de santé.
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Les réseaux sociaux et les médias
Hugo Chavez était un fidèle utilisateur de Twitter. Mais il n'était pas le seul. Ses proches également distillaient des infos au compte-goutte. Son état est "stable" mais "délicat" assurait son gendre et ministre des Sciences et des Technologies, Jorge Arreaza, le 3 janvier dernier. Son frère, Adan Chavez a tenté lui aussi d'éteindre les rumeurs qui circulaient sur les réseaux sociaux. "Le chef de l'Etat continue de bien assimiler le traitement et son rétablissement progresse chaque jour", assurait-il aussi dans un communiqué.
Des "rumeurs" qui finiront par provoquer des erreurs dans certains journaux. Le quotidien espagnol El Pais a ainsi publié au mois de janvier une photo d'un homme présenté comme Hugo Chavez sur son lit d'hôpital, avant de reconnaître que l'image ne représentait pas le président vénézuélien et de bloquer la parution des exemplaires concernés.
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C'est encore sur Twitter que Chavez avait annoncé son retour au pays après plus de deux mois d'absence pour son opération. "Nous sommes de retour dans notre patrie vénézuélienne", avait-il lancé enthousiaste sur son compte officiel le 18 février dernier. "Merci mon Dieu !! Merci mon peuple aimé ! Nous allons continuer le traitement ici", assurait-il. "Merci à Fidel (Castro, ndlr), Raoul et tous les habitants de Cuba ! Merci au Venezuela pour tout cet amour !", ajoutait Hugo Chavez dans des tweets. "Je m’en remets au Christ et j’ai confiance en mes médecins et mes infirmières. Jusqu’à la victoire, toujours ! Vivons et vainquons !". Si le ton du message était optimiste, la photo le montre souriant mais allongé, bien loin de l'image du Chavez triomphant, mais déjà diminué, lors de sa réélection.
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Un complot des Américains
Tout s'est en fait accéléré dans les dernières heures. Mardi, le vice-président a pris la parole en début de soirée et a accusé ouvertement les "ennemis historiques" du Venezuela d'avoir provoqué le cancer du président Chavez. Une nouvelle attaque contre le "complot" des "yankees" américains. Dans la foulée, un attaché militaire de l'ambassade des Etats-Unis a été expulsé, soupçonné de conspiration.
"Nous n'avons aucun doute, arrivera un moment dans l'Histoire où nous pourrons créer une commission scientifique (qui révèlera) que le commandant Chavez a été attaqué avec cette maladie (...) Les ennemis historiques de cette patrie ont cherché un point faible pour atteindre la santé de notre commandant", avait assuré Nicolas Maduro. Quelques heures plus tard, avant l'annonce officielle de la mort de Chavez, il n'hésitera pas à dire : le Venezuela "vit ses heures les plus difficiles".