L’INFO. Après deux semaines d’espoirs déçus, deux "objets" constituent enfin une piste jugée "crédible" dans l’enquête sur la disparition du vol MH370. La prudence reste tout de même de mise, car on ne sait pas si ces "objets", repérés dans l'océan Indien au large de l'Australie et dont l’un mesure 24 mètres, sont bien des débris de l’appareil de Malaysia Airlines. Les vérifications sur place s’annoncent complexes et très techniques. Explications en quatre étapes.
1. Gagner la zone, très isolée. Le ministre australien de la Défense a prévenu : c’est un "cauchemar logistique". D’après lui, "on peut difficilement faire plus isolé". La zone où ont été pris les clichés satellitaires est en effet située dans le sud de l’océan Indien, à 2.500 km au sud-ouest de Perth, en Australie, en plein dans la latitude des quarantièmes rugissants, où les vents sont violents et la mer très agitée. Particulièrement en ce moment, puisque l’hémisphère sud vient tout juste d’entrer dans l’automne.
"C'est une zone maritime qui peut être incroyablement dure et difficile, très venteuses, avec des courants forts, mais elle peut tout autant être calme", souligne David Gallo, directeur des opérations spéciales de la Woods Hole Oceanographic Institution (WHOI) à Falmouth, dans le Massachusetts. David Gallo a participé aux recherches du vol Air France AF447 Rio-Paris qui s'est abîmé dans l'océan Atlantique en juin 2009 et dont les enregistreurs de vol furent retrouvés par 3.900 mètres de fond. Mais dans ce cas, les équipes de recherches savaient à peu près où l'accident s'était produit. Pour le vol MH370, les données sont pratiquement nulles.
Official: "This is a lead. Probably the best lead we have right now." http://t.co/D7PP9gUUmX#MH370pic.twitter.com/Ksmj4yvnhE— Mashable (@mashable) March 20, 2014
2. Identifier les débris. Les avions dépêchés sur place, comme le P-8 Poseidon de la marine américaine, bijou de technologie, ont donc du mal à survoler la zone. Pour identifier les possibles débris, il faut que des bateaux se rendent sur place. C’est ce qu’a fait jeudi un navire norvégien, le St Petersburg, qui a dû interrompre rapidement ses recherches car la nuit était tombée.
La zone de recherche s’étend sur une longueur d’environ 100 kilomètres. Pour la quadriller, le bateau, rejoint par un navire militaire britannique, doit faire un "va-et-vient" le long de la trajectoire présumée, "dans l’espoir de retrouver ce qui a été identifié comme des débris", selon le représentant des armateurs norvégiens.
3. Localiser le reste de l’épave. Dans l’hypothèse où les deux "objets" seraient identifiés comme provenant du Boeing de la Malaysia Airlines, les recherches seront loin d’être terminées, car il faudra encore retrouver le reste de l’avion. Et donc prendre en compte les courants, très puissants dans cette région où les vagues peuvent mesurer jusqu’à six mètres de haut en cas de tempête, selon The Guardian. Un scientifique interrogé par le quotidien britannique estime que les débris pourraient donc bien avoir dérivé à une centaine de kilomètres de là où l’avion aurait touché la mer. De savants calculs devront donc prendre en compte la dérive des courants, aussi bien à la surface que sous l’eau, depuis la disparition de l’avion, le 8 mars, précise Le Point.
Des modélisations et des simulations par ordinateur, intégrant les données océanographiques, pourraient ensuite permettre de retracer le cheminement de ces débris ballottés par les vents et par les courants marins et de déterminer le lieu d'impact. Mais l'efficacité de ces méthodes ne fait pas l'unanimité parmi les experts, dont certains estiment qu'elles peuvent difficilement se substituer aux classiques mais épuisantes missions de recherches aéro-maritimes, avec sonar embarqués à bord de navires.
4. Retrouver les boîtes noires. Si l’épave se trouve bien dans la zone, les opérations de recherches pourraient être facilitées par les "pingers", des émetteurs attachés aux boîtes noires, capables de fonctionner sous l’eau. Les balises sont difficiles à repérer, surtout si elles sont échouées à une grande profondeur. Or, relève l’hebdomadaire, la profondeur de l’océan Indien peut atteindre jusqu’à 7.450 mètres de fond. Et il y a un autre hic : les "pingers" ne continuent d’émettre que pendant un mois, voire trois pour les modèles les plus récents. Si les enquêteurs perdent cette course contre la montre, il ne leur restera alors plus qu’à quadriller la zone. Un scénario qui rappelle celui des recherches pour l’A330 Rio-Paris d’Air France, qui s’est abîmé en mer en juin 2009 et dont l’épave n’a été retrouvée que deux ans plus tard.
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