Pierre Moscovici, commissaire européen chargé des Affaires économiques et monétaires ? C'est désormais officiel. Il y a encore peu, pour les adeptes de la rigueur à Bruxelles, cette nomination équivalait à "donner le poste de surveillant au cancre". Et pourtant, c’est bien l’ancien ministre de l’Economie français qui a hérité, mercredi, du très convoité portefeuille. Une nomination intervenue au terme d’intenses négociations, à un niveau rarement atteint au sein de la Commission européenne.
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Juncker le connaît bien. N’en déplaise aux détracteurs, le nouveau président de la Commission Jean-Claude Juncker, a finalement accédé à la requête française, malgré les pressions allemandes. Il faut dire que l’ancien Premier ministre luxembourgeois, qui aurait eu le dernier mot dans tous les cas, et le Français, se connaissent bien : ils ont longuement travaillé ensemble, notamment durant la crise de l’euro et la faillite de la Grèce.
Sous autorité. Mais Pierre Moscovici a beau avoir obtenu les rênes de la puissante administration des finances européennes, il devra toutefois composer avec des collègues aux vues diamétralement opposées. Ainsi, les deux autres grands postes économiques ont été confiés au Britannique Jonathan Hill, pour les Services financiers, et à l'Allemand Gunther Oettinger, à l'Economie numérique. Deux conservateurs. Par ailleurs, et c’est une nouveauté, le représentant français sera sous l’autorité de deux des sept vice-présidents, en l’occurrence l'ancien Premier ministre finlandais Jyrki Katainen et son homologue letton Valdis Dombrovskis. Egalement des conservateurs.
Pieds et poings liés ? Dans quelle mesure Pierre Moscovici va-t-il être capable d'exercer son important pouvoir de commissaire européen? Il est encore trop tôt pour le dire. Mais entre le fonctionnement collégial propre à la Commission européenne et le nouvel organigramme mis en place par Jean-Claude Juncker, ceux qui espèrent, en France et dans le sud de l'Europe, voir les choses changer, risquent bien d'être déçus.