L’INFO. Il ne reste plus beaucoup de temps. La Russie a jusqu’à vendredi pour extrader un Français vers l’Ouzbékistan, l’une des dictatures les plus fermées du monde. Ses avocats et ses proches lancent jeudi un appel au secours, car le pays est plus connu pour sa pratique de la torture que pour l’exemplarité de sa justice. Ils demandent l’intervention de l’Etat français pour empêcher l’extradition du Niçois.
Il ne se doutait de rien. Pendant une quinzaine d'années, Eric Cokini avait fait affaires en Ouzbékistan, aidant les entreprises françaises à s’installer dans le pays. Il était récemment rentré en France pour être auprès de son fils atteint d’une leucémie. Ne se doutant pas d’être sous le coup d’un mandat d’arrêt international, il répond au mois de janvier à une invitation de l’université de Nice à se rendre en Russie. Il atterrit à Moscou, mais à peine arrivé à l'aéroport, il est arrêté à l’aéroport au mois de janvier. "Une personne qui sait avoir commis des crimes en Ouzbékistan ne se rend pas tranquillement en Russie", explique Me Paul Sollacaro, un des avocats du Français.
Au milieu de luttes intestines. "La réalité, c’est qu’Eric Cokini est le jouet d’un règlement de compte politiques au sein du gouvernement ouzbek", explique Philippe Soussi, son autre conseil. Car en faisant affaire dans ce pays d'Asie centrale, l’homme était évidemment en contact avec les administrations locales. Mais le contexte s'est largement dégradé ces derniers temps et les luttes de pouvoir se sont aggravées. Eric Cokini se retrouve aujourd'hui au milieu de ces luttes intestines. La presse ouzbèke affirme qu’il aurait détourné des fonds et qu’il a eu des liens avec la fille du dictateur Karimov, tombée en disgrâce. Son avocat Me Sollacaro affirme qu'au contraire, il n'a jamais eu de contact particulier avec elle.
Un dernier espoir. Le père du Français n'en revient pas. "C’est un montage comme on en voit dans les films, mais je ne croyais pas que ce film allait nous tomber sur la tête", s'attriste Marcel Cokini au micro d'Europe 1. Officiellement, Eric Cokini est accusé de "crimes économiques". "J’ai bien peur que cela ne veuille rien dire", déclare Me Sollacaro. "Mais cela, on ne le saura que quand il sera en Ouzbekistan, quand il sera passé au chalumeau", continue l'avocat.
Alors à 24 heures de l'extradition, Marcel Cokini joue le tout pour le tout. "Il y a une vie à sauver !", dit-il. "Va-t-on le torturer ? Va-t-on le tuer ? Tout est imaginable", s'inquiète Marcel Cokini. Après avoir lancé une pétition, son dernier espoir réside dans une intervention de François Hollande. "J’en appelle au chef de l’Etat : au secours !" Mais pour l'instant, ni le président, ni le ministre des Affaires étrangères n'a réagi.