L'épave du Costa Concordia donne des sueurs froides aux écologistes. Le paquebot, qui s'est échoué le 13 janvier dans une réserve naturelle au large de l'île du Giglio en Toscane, est une bombe écologique à retardement. Les premiers signes de pollution ont commencé à être observé jeudi autour du bateau. Europe1.fr fait le point sur la situation.
Quels sont les polluants à bord du Concordia ? Le paquebot s'est échoué avec ses cuves de carburant remplies à ras-bord, puisque le croisière venait juste de commencer. 2.380 tonnes de carburant sont donc dans les réservoirs du bateau.
Mais de nombreuses autres substances toxiques se trouvaient sur le bateau, comme des liquides de batteries, des substances ignifuges très polluantes, des solvants ou encore des huiles. L'agence de protection de l'environnement de Toscane a relevé une concentration de 2 à 3 mg/l de tensio-actifs (une substance présente dans les détergents) dans l'eau de mer autour du Concordia, contre zéro habituellement dans cette zone protégée.
Une tâche d'huile de 200 mètres sur 300 a été repérée lundi autour du bateau. Des analyses doivent préciser la nature exacte de la substance.
Quels sont les moyens déployés pour lutter contre la pollution ? Le propriétaire du bateau a l'obligation de présenter aux autorités italiennes un plan de récupération des déchets. Mais il ne l'a toujours pas fait. Le commissaire en charge de la catastrophe, Franco Gabrielli, l'a donc rappelé à l'ordre mercredi.
Le début du pompage du carburant qui fait peser le risque d'une marée noire n'est pas prévu avant samedi, mais la compagnie néerlandaise spécialisée Smit Salvage a déjà positionné ses équipements près du Concordia. Le pompage doit durer "28 jours sans interruption".
Pour éviter toute propagation de carburant vers les côtes italiennes, huit kilomètres de bouées absorbantes ont été déployés tout autour du bateau. Et 130 volontaires ont été formés pour faire face à une éventuelle marée noire.
La France, qui redoute une pollution des côtes corses, a envoyé le Jason, un navire affrété par la marine française et dédié à la lutte contre les pollutions, en haute-mer pour le rapprocher de l'île du Giglio.
Que disent les écologistes sur place ? Le porte-parole de la branche italienne du Fonds mondial pour la nature (WWF), Gaetano Benedetto, assure que "la situation est encore gérable". "On ne doit pas tomber dans l'alarmisme mais attirer l'attention", dit-il. Pour autant, Gaetano Benedetto se dit préoccupé par le devenir de polluants qui empoisonnent l'épave et regrette de ne disposer "d'aucune évaluation précise".
"L'île du Giglio est un écosystème marin et terrestre unique. Dans la phase actuelle, il n'y a pas encore un risque pour la santé, mais pour le tourisme : en cas de fuites importantes dans la mer, il y aura un fort impact négatif", alerte Gaetano Benedetto.