Francesco Schettino, le capitaine le plus célèbre du monde depuis le naufrage de son navire, le Costa Concordia, saura bientôt de quoi son avenir proche sera fait. Un tribunal de Florence va en effet se pencher sur le cas du marin, actuellement placé en résidence surveillée. Saisie par les deux partis, la cour pourra décider aussi bien du statu quo que du renvoi en prison, voire de la libération pur et simple de l’accusé.
Poursuivi pour homicides multiples par imprudence, naufrage et abandon du navire, Francesco Schettino avait été écroué dès le lendemain du drame sur ordre de Francesco Verusio, procureur en chef de Grosseto, au sud de la Toscane. Le magistrat avait dit craindre "un risque de fuite et de dissimulation de preuves". Quelques jours plus tard, le commandant, 52 ans, avait toutefois été assigné à résidence dans sa maison de Meta di Sorrento, petit village au sud de Naples. Les avocats du capitaine et le procureur de Grosseto ont fait appel de cette décision.
D'un côté, Me Bruno Leporatti réclame ainsi la libération pure et simple de son client, de l'autre le procureur réclame son retour en prison. L'audience d'appel, initialement prévue le 10 février, a été anticipée au 6 février. Elle permettra d'examiner les deux requêtes. Le tribunal de Florence fera connaître sa décision d'ici jeudi, a-t-on appris de sources judiciaires.
Charges écrasantes
Les charges qui pèsent contre le capitaine sont écrasantes. Il est accusé d'avoir provoqué, le soir du 13 janvier au large de l’île du Giglio, le naufrage de son bateau en effectuant une manoeuvre trop près des côtes, dans le seul but d'effectuer une parade toutes lumières allumées. Il lui est reproché, aussi et surtout, d'avoir abandonné le bateau alors que l'évacuation des milliers de passagers et membres d'équipage étaient encore en cours.
Le capitaine a reconnu avoir effectué une manoeuvre non appropriée qui lui a fait heurter un rocher, mais affirme avoir sauvé ensuite la situation en rapprochant très vite le navire de la côte. Il a par ailleurs nié avoir abandonné le navire, tout en livrant plusieurs versions contradictoires, comme celle d'avoir perdu l'équilibre et glissé dans une chaloupe.
En Italie, comme en France ou aux Etats-Unis, des naufragés ont porté plainte contre la compagnie propriétaire du navire, Costa Crociere (Costa Croisières en français). Cette dernière, basée à Gênes et appartenant au géant américain Carnival Corp, a affirmé avoir été trompée par le capitaine Schettino sur l'ampleur de l'accident au départ et a évoqué une "erreur humaine".
Le naufrage a coûté la vie à 17 personnes, alors que 15 autres restent portées disparues.