Alpha Condé, le premier président élu de la République de Guinée, a estimé vendredi que les révolutions dans les pays arabes étaient un mouvement africain, et non cantonnés au nord du continent. "Je suis convaincu que le printemps dont on parle est un printemps arabo-africain. Les populations sont jeunes, 70% ont moins de 30 ans et sont déterminées pour le changement", a assuré le président guinéen sur Europe 1. "La jeunesse africaine imposera la démocratie sur le continent là où ce n’est pas encore arrivé."
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Alpha Condé a aussi redit l’hostilité des pays africains à l’intervention militaire en Libye. "Il faut laisser la possibilité aux Africains de régler leur problème. Et donc permettre aux Libyens de s’asseoir autour d’une table et tenter de trouver une solution. Avec ou sans Kadhafi, ça c’est aux Libyens de le dire, pas à moi", a estimé le président guinéen. "Certes, nous ne pouvons pas accepter qu’on tire sur les populations à mains nues. Mais encore faudrait-il que ce ne soit pas une démocratie à géométrie variable. Il faut que tout le monde soit traité de la même façon. Pas qu’on combatte telle personne ou soutienne telle autre parce que ça protège les intérêts."
"Il faut des contrepoids"
L’ex-opposant, qui a passé près de 20 ans en exil en France, est aussi revenu sur la situation en Côte d’Ivoire, déchirée entre deux présidents depuis plusieurs mois, et où la guerre civile guette. "Comme l’ensemble des Etats de l’Union africaine, nous reconnaissons la victoire d’Alassane Ouattara, mais nous demandons la formation d’un gouvernement d’unité nationale, donc avec les partisans de Laurent Gbagbo", a déclaré Alpha Condé. "Il faut donc tout faire pour trouver une solution pacifique à la Côte d’Ivoire. Parce qu’aujourd’hui, ce ne sont pas les dirigeants qui meurent, mais la population dans la rue."
Mais pour le président guinéen, la priorité reste bien sûr de sortir son pays, l’un des plus pauvres du monde, de la crise. En instaurant, d’abord une vraie démocratie. "Tout pouvoir corrompt, et tout pouvoir absolu corrompt absolument. C’est pour ça que je vais faire la décentralisation, donner des pouvoirs aux régions pour créer des contrepoids. Car aucun homme politique n’est à l’abri d’une tentation. Il faut des contrepoids pour l’empêcher de changer." L’homme promet de ne pas changer. "Pendant 50 ans, je me suis battu contre la corruption. Si j’avais voulu des cadeaux, y a longtemps que j’aurais fait comme les autres, je serai allé à la soupe."