Confusion sur l'état de santé de Moubarak

© REUTERS
  • Copié
Marion Touboul, correspondante d’Europe 1 en Egypte, Didier François et , modifié à
L'incertitude médicale sur l'état de santé de l'ancien raïs en dit long sur la fébrilité du régime.

Dans quel état de santé est réellement l’ancien président égyptien Hosni Moubarak ? S’il est certain que l’ancien raïs est dans un état critique, plusieurs messages contradictoires ont été envoyés par les autorités médicales et militaires, signe des atermoiements du régime égyptien.

Une mort clinique vite désavouée

Mardi, 23h17. L’agence officielle égyptienne Mena annonce que l'ex-président a été déclaré "cliniquement mort" après son transfert dans un hôpital militaire de la banlieue du Caire. Hosni Moubarak avait été victime quelques heures auparavant d’une attaque cérébrale et d’une attaque cardiaque.

Trente minutes plus tard, deux sources proches des services de sécurité égyptiens désavouent cette annonce, assurant que Hosni Moubarak "n'a pas sa connaissance. Il est sous respiration artificielle" mais "il est trop tôt pour dire qu'il est cliniquement mort".

Des contradictions qui insinuent le doute

Dans les faits, il n’y a pourtant aucun doute : Moubarak est inconscient, victime d’une double attaque cérébrale et cardiaque. Sous assistance respiratoire, il n’aurait presque aucune chance de sortir du coma. Les messages contradictoires du régime sont donc tout sauf transparents, comme si les militaires avaient du mal à tourner la page.

Les Egyptiens de la rue, eux, sont sceptiques sur l’état de santé réel de l’ancien raïs et soupçonnent les médias officiels d’en rajouter pour détourner l’attention du peuple à la veille du résultat officiel de la présidentielle.

Le régime face à des échéances décisives

Car si l’ère Moubarak est définitivement révolue, la bataille pour sa succession est, en revanche, loin d’être terminée. Les militaires ont engagé un véritable bras-de-fer avec les Frères musulmans : les islamistes ont remporté les élections législatives en janvier mais la junte militaire vient de faire annuler leur victoire et doit annoncer jeudi les résultats de la présidentielle.

Ce scrutin est d'autant plus décisif qu'il décidera de l'avenir du pays : les nouveaux élus auront la charge de rédiger une nouvelle constitution, texte fondamental qui pourrait instaurer une plus nette séparation entre l'armée et le pouvoir politique. C'est l'option défendue par le candidat islamiste, qui semblerait avoir gagné, mais le candidat soutenu par les militaires, Ahmed Chafik, le conteste. Or il s’agit de l’ancien chef d’état major de l’armée de l’air, poste autrefois occupé par... Hosni Moubarak.