Connaissez-vous M. Mockus ?

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Antanas Mockus, candidat atypique, pourrait gagner la présidentielle en Colombie.

Petites lunettes sur le nez, barbe épaisse et chemisette verte sur les épaules : Antanas Mockus, diplômé en mathématiques et en philosophie, a des allures de professeur Tournesol. Mais ce quinquagénaire à la voix fluette pourrait bien devenir le nouveau président de la Colombie. Une figure politique atypique et pleine de paradoxes.

Le dernier meeting de campagne de Mockus :

C’est à Bogota, la capitale de la Colombie dont il a été le maire jusqu’en 2003, qu’Antanas Mockus s’est forgé sa réputation. Dans une ville encerclée de bidonvilles, embouteillée, polluée et parfois dangereuse, il a fait… de la pédagogie. Trop d’accidents de la route ? Des clowns s’installent au feu rouge. Trop de poubelles abandonnées dans les rues ? La municipalité crée des cartons rouges que les habitants peuvent se distribuer les uns aux autres.

Ridicule ? "Ça a marché"

"Au début ça semblait totalement ridicule mais ça a marché. Il a réussi à stigmatiser socialement des comportements qui semblaient normaux", analyse Jacobo Grajales, chercheur au Centre d'Études et Recherches Internationales, interrogé par Europe1.fr.

Pour cette campagne présidentielle, Antanas Mockus a choisi d’imposer son propre thème de campagne : la "légalité". Face à une classe politique vue comme prête à tout pour arriver au pouvoir, contre la corruption, il défend "la morale publique". Une marque de fabrique plus qu’un programme de gouvernement.

Du vert et un tournesol

La couleur verte, Antanas Mockus l’a choisie pour habiller ses affiches électorales. Ça n’en fait pas l’héritier du parti écologiste d’Ingrid Betancourt. Et n’allez pas croire non plus qu’il est le candidat anti-Uribe, du nom de son prédécesseur qui n’a pas pu briguer un troisième mandat. "Il s’en garde bien", note même Jacobo Grajales, car Alvaro Uribe "reste un personnage mythique, quasiment un messie" dans son pays. Sur le conflit armé, et les éventuelles négociations avec les Farc, Antanas Mockus a maintenu un discours vague, et "c’est une grande victoire stratégique", analyse Jacobo Grajales.

Une première victoire ? Antanas Mockus avait moins de 10% des intentions de vote au début du mois de mars, largement devancé par Juan Manuel Santos, ancien ministre et dauphin désigné d’Alvaro Uribe. Mais depuis quelques semaines, Antanas Mockus est passé en tête des sondages. "C’est David contre Goliath", résume Jacobo Grajales.

Le premier tour de l’élection présidentielle a lieu le 30 mai. Les six principaux candidats sont : Juan Manuel Santos (Partido de la U), Antanas Mockus (Partido Verde), Gustavo Petro (Polo democratico), German Vargas Lleras (Cambio radical), Noemi Sanin (Partido conservador), Rafael Pardo (Partido liberal). Le second tour aura lieu le 20 juin.