Contestation : où en est le monde arabe ?

Les dirigeants des pays arabes font face à la pression de la rue. © Reuters
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Caroline Vigoureux , modifié à

Alors que les manifestations se poursuivent en Egypte, Europe1.fr fait le point sur la situation dans les autres pays arabes.

- Des appels à manifester sur Facebook. Le mouvement de contestation sans précèdent qui a touché la Tunisie, puis l'Egypte, semble se répandre dans les pays arabes. Un groupe Facebook, qui compte près de 8.000 personnes, a lancé un appel à manifester vendredi sous le slogan de "la Révolution syrienne 2011".

Objectif : dénoncer la "monocratie, la corruption et la tyrannie" en Syrie. Les manifestants entendent participer à "la première journée de la colère du peuple syrien et de rébellion civile dans toutes les villes syriennes". En attendant, le réseau social est toujours bloqué par les autorités syriennes mais les internautes parviennent à contourner la censure, via certains programmes.

Les contestataires dénoncent notamment la concentration des richesses du pays au sein des proches du président Bachar al-Assad, au pouvoir depuis 2000, en remplacement de son père décédé. Le régime syrien est considéré comme l’un des plus répressifs de la région.

Les Yéménites en colère

- Manifestations et contre-manifestations. Après 32 ans de pouvoir, le président yéménite, Ali Abdallah Saleh, a annoncé qu’il renonçait à briguer un nouveau mandat. "Je ne vais pas faire preuve d'orgueil, et je vais présenter les concessions l'une après l'autre dans l'intérêt national", a-t-il promis, sur un ton qui se veut de plus en plus consensuel. Le chef de l'Etat a en outre annoncé le report des élections législatives prévues pour le 27 avril.

Mais ces gestes n'ont pas suffi à calmer la colère de la rue. Jeudi, plus de 20.000 manifestants se sont rassemblés dans les rues de Sanaa pour réclamer un changement de régime et signifier au président Ali Abdallah Saleh que sa promesse de quitter le pouvoir en 2013 n'y changeait rien. D'autres rassemblements sont prévus à travers le Yémen.

En réponse à cette contestation, les partisans du président sillonnent la capitale munis de mégaphones pour inviter les habitants à se joindre aux contre-manifestations. Jeudi soir, dans le sud-est du pays, la police a tiré à balles réelles et aux gaz lacrymogènes pour disperser une manifestation.

- Dans l’attente d’un nouveau gouvernement. Pour calmer la colère de la rue, qui réclame son départ, le roi Abdallah II de Jordanie a fait un geste, en limogeant mardi son Premier ministre. Mais cette décision a rapidement été critiquée par la puissante opposition islamique. Le Front de l'action islamique (FAI) s’est dit déçu du choix de Maarouf Bakhit et a demandé que ce dernier se retire.

Le FAI reproche au Premier ministre désigné d'être "impliqué dans les fraudes électorales municipales et législatives" en 2007 et "dans des affaires de corruption", lors de son mandat de Premier ministre, de 2005 à 2007.

Maarouf Bakhit a en tout cas entamé mercredi des consultations en vue de la formation de son gouvernement dont la composition pourrait être annoncée samedi ou dimanche. Vendredi, un millier de personnes se sont rassemblées à Amman à l'appel de l'opposition islamiste, et en soutien au peuple d'Egypte..

Une marche pour "le départ du système"

- Les appels à la grève se multiplient. Une série de grèves a débuté mardi en Algérie. Le Syndicat algériendes paramédicaux (SAP) a appelé le personnel paramédical des hôpitaux et des polycliniques à observer une grève de deux jours pour faire pression sur le ministère de la Santé. Les personnels du ministère l'éducation prévoient de leur côté de se rassembler le 14 février pour réclamer notamment une augmentation de salaire. Les chômeurs organisent pour leur part un mouvement de protestation le 6 février devant le siège du ministère du Travail à Alger.

De son côté, l'opposition a appelé à une marche à Alger pour demander "le départ du système". Après la chute du régime tunisien, le président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, a annoncé des mesures économiques et sociales, dans le but de calmer la colère de la population. Stabilisation des prix, construction de logements, levée de l'état d'urgence ou lutte contre la corruption font partie de ces promesses.

- Vers un apaisement. Deux semaines après la chute du président Ben Ali , la situation semble se stabiliser en Tunisie. Mardi, le gouvernement de transition s’est réuni, pour aborder notamment la question de la sécurité dans le pays, où les incidents se multiplient. Selon le dernier bilan de l’ONU, les troubles qui ont fait chuter l’ancien président, au pouvoir depuis 30 ans, ont fait 219 morts et 510 blessés.

Le Premier ministre Mohammed Ghannouchi a assuré que la situation se normalisait après un "flottement ces derniers jours". "Ce gouvernement vous invite à préserver son indépendance en reprenant le travail, sinon le pays risque de s'écrouler", a-t-il déclaré à la télévision privée Hannibal. Mais le chef du gouvernement reste très contesté par la rue. Pendant cinq jours, des manifestants ont campé sous ses fenêtres malgré le couvre-feu.

Désormais, le gouvernement doit faire face à une grogne de fonctionnaires de plusieurs ministères et aux revendications des policiers, un peu partout dans le pays.

Jeudi soir, un communiqué officiel a précisé que les autorités de transition du pays avaient décidé d'accorder des compensations aux familles touchées par les violences des dernières semaines de répressions. Les premières indemnisations ont été versées aux familles de personnes tuées ou blessées à Ben Arous, dans la banlieue sud de Tunis