Il y a encore peu, Barack Obama avouait ne pas avoir de "stratégie" face à l’Etat islamique. Un aveu qui lui avait attiré nombre de critiques. Aujourd’hui, il réagit. Le président des Etats-Unis doit présenter mercredi (vers 1h du matin, jeudi, en France) son plan pour "affaiblir et, à terme, détruire le groupe terroriste".
Le moment de réagir. Pourquoi un tel changement de posture, en moins de deux semaines ? Pour Agnès Levallois, spécialiste du Moyen-Orient et professeur à Sciences-Po, le chef d’Etat américain en a été "contraint". "Il y un sentiment urgence qui vient du fait que les combattants de l’Etat islamique continuent à avancer sur le terrain", note cette experte, interviewée au micro de Thomas Sotto. "Et du fait que deux otages américains (les journalistes James Foley, assassiné le 19 août, et Steven Sotloff, tué le 2 septembre, ndlr) ont été décapités dans des conditions épouvantables par ces mêmes combattants", ajoute-t-elle.
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Ne pas réagir seul. Barack Obama doit désormais faire preuve de détermination. Il s’agit d’envoyer un message. "Il doit montrer aux Irakiens et aux combattants de l’Etat islamique qu’il est prêt, maintenant, à réagir. Mais pas à réagir seul, ce qui est sa hantise", analyse la spécialiste.
Quel plan de bataille ? Le président des Etats-Unis est censé livrer mercredi soir "la stratégie qu’il va mener et quels moyens vont être mis en œuvre", précise Agnès Levallois. Difficile, évidemment, de prédire ce que s’apprête à annoncer l’hôte de la Maison Blanche. "Ce que l’on sait, c’est que les Américains ne veulent pas envoyer de troupes au sol", affirme l’experte. "Il y a très peu de chance pour que ça arrive, les Américains ne veulent pas se réengager", insiste-t-elle.
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"En revanche, ils vont certainement poursuivre les frappes aériennes qu’ils ont commencées le 7 août", professe cette spécialiste du Moyen-Orient. "Et surtout, ils vont soutenir les troupes au sol, irakiennes, ainsi que les combattants peshmerga, les forces kurdes de l’Irak", précise-t-elle. Troisième supposition : Barack Obama pourrait apporter un soutien officiel au nouveau gouvernement irakien, et à son Premier ministre Haïdar al-Abadi.
Cela sera-t-il suffisant ? L’efficacité des frappes aériennes ciblées a souvent été remise en cause. Pour Agnès Levallois, les bombardements américains menés depuis un peu plus d’un mois ont eu un effet positif contre les djihadistes. "Il y a eu des résultats, en ce sens que les combattants de l’Etat islamique n’ont pas été en mesure de prendre des points stratégiques, comme le grand barrage du nord de l’Irak", explique l’experte. "Souvenez-vous, au début de l’offensive des djihadistes, on les voyait déjà à Bagdad (la capitale irakienne, ndlr). Ça les a stoppés, et désorganisés", affirme la professeur à Science-Po.
Une coalition à deux visages. Non seulement Barack Obama ne souhaite pas intervenir seul au Moyen-Orient, mais il est également très précautionneux sur le choix de ses alliés. Ainsi, précise Agnès Levallois, le chef d’Etat américain n’a pas souhaité s’entourer uniquement de forces occidentales. "Le plus important pour lui, c’est d’avoir le soutien des pays arabes. Il ne veut surtout pas apparaître comme une coalition chrétienne contre les musulmans", décrypte-t-elle.
D’où l’objet de la visite, jeudi, du Secrétaire d’Etat John Kerry en Arabie Saoudite pour obtenir le soutien des pays du Golfe, mais aussi de la Jordanie ou de l’Egypte. Des pays qui, toujours selon Agnès Levallois, ont conscience "du danger que représente l’Etat islamique".