Kim Il-Sung, le "cher dirigeant" et fondateur de la Corée du Nord, doit se retourner dans son mausolée de Kumsusan. La Corée du Nord est en train d’ouvrir ses frontières à deux icônes de l’impérialisme américain, la chaîne de fast-food Kentucky Fried Chicken (KFC) et le géant du soda Coca-Cola.
Des membres de la direction de KFC étaient de passage la semaine dernière à Pyongyang, la capitale nord-coréenne, pour effectuer des repérages, selon les médias sud-coréens. La délégation a notamment visité les immeubles proposés par le régime pour ouvrir un fast-food prochainement. Une délégation de Coca-Cola aurait fait le voyage au même moment.
Un fast-food à l’américaine... mais pas trop
Ce serait une première : une enseigne américaine ayant pignon sur rue dans la dernière dictature communiste. Ce projet d’installation pourrait aller très vite et se concrétiser dès le mois de septembre. Mais KFC devra aussi s’adapter aux pratiques locales : en Corée, tout anglicisme est banni. Le fast-food devra donc proposer des aiguillettes de poulet frit en lieu et place des nuggets, et transformer ses burgers en pains fourrés au suprême de volaille.
Le régime a également préparé cette révolution gastronomique en ouvrant en juin 2009 le premier fast-food du pays : Samtaseong, ouvert en coopération avec une société singapourienne. Ce dernier propose des hamburgers "made in North Korea", mais sans frites ni sauce barbecue, le sandwich étant accompagné de légumes marinés.
La dictature contrainte à un scénario à la chinoise
Cette possible arrivée de deux géants de l’agroalimentaire est à la fois anecdotique et symbolique. Certes, Mac Donald’s n’est toujours pas le bienvenu, mais la possible arrivée de KFC et de Coca-Cola est un signal fort qui intervient en pleine transition dynastique.
Kim Jong-Il organise en effet la transmission du pouvoir à son plus jeune fils, Kim Jong-Un, mais ce dernier risque d’hériter d’un pays exsangue : économie en berne, recours à l’aide internationale, près d’un millions de Coréens proches de la famine… Une situation intenable pour le régime, mais surtout pour la Chine, grand protecteur du pays mais lassé par ses aternoiements.
L’empire du milieu fait donc monter la pression pour que la Corée du Nord s’ouvre progressivement et entame des réformes économiques. L’installation d’un KFC serait un symbole fort d’une future libéralisation, ou du moins un signe de bonne volonté.