Tout a commencé comme un séisme. Au petit matin, mardi, l’information tombe : un tremblement de terre a été ressenti en Corée du Nord. L’agence sud-coréenne, elle, emploie très vite le terme "artificiel" pour qualifier ce séisme d'une magnitude de 4,9 degrés sur l'échelle de Richter, selon l'agence américaine de veille géologique. La Corée du Nord n'étant pas une région à forte activité sismique, le séisme enregistré laisse très vite penser que Pyongyang a procédé à l'essai nucléaire qu'elle avait récemment promis de conduire. L' Organisation du traité d'interdiction complète des essais nucléaires (CTBTO) a confirmé cette activité sismique, estimant que la localisation était "globalement cohérente" avec celle des essais pratiqués en 2006 puis en 2009 par les Nord-Coréens. La Corée du Nord, par le biais de son agence officielle, a ensuite confirmé un essai nucléaire "réussi".
Les pays voisins en alerte. Avant même d’en savoir plus, la présidence sud-coréenne a convoqué une réunion de son conseil de sécurité nationale moins de trois heures plus tard et l'armée a relevé son niveau d'alerte. Le gouvernement japonais a tenu une réunion identique, indique de son côté la chaîne de télévision NHK, car "nous pensons qu'il existe une possibilité que la Corée du Nord ait effectué un test nucléaire", a indiqué le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, lors d'une conférence de presse convoquée en urgence. Une possibilité qui s’est confirmée.
La Corée du Nord avait prévenu…Pyongyang avait prévenu fin janvier qu'elle entendait procéder à un nouvel essai nucléaire, le troisième après ceux de 2006 et 2009. Un essai en réponse aux sanctions élargies de l'ONU après le lancement d'une fusée, début décembre, considérée par Washington comme un missile balistique. Et, selon Seoul, son voisin a prévenu en amont Pékin et Washington de son tir du jour. Un tir d’une puissance estimée entre six et sept kilotonnes.
… mais la communauté internationale s’inquiète. "Les Chinois ont lancé aux Nord-Coréens un ferme avertissement leur demandant de ne pas procéder à cet essai quand il est devenu évident qu'il était imminent", a estimé un diplomate onusien. "Ce que les Nord-Coréens ont fait représente un vrai défi lancé aux Chinois", a-t-il souligné. Pékin, Moscou et Washington se sont concertés depuis quelques jours et "ils vont rapidement s'entendre sur le fait qu'une action ferme s'impose", a-t-il ajouté. Mardi matin, à 14H00 GMT, le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira d’ailleurs en urgence pour examiner la manière de réagir à cet essai, qui contrevient aux résolutions de l'ONU. "Le secrétaire général condamne l'essai d'arme nucléaire souterrain mené par (la Corée du Nord) aujourd'hui", a déclaré le porte-parole de Ban Ki-moon dans un communiqué. "C'est une violation claire et grave des résolutions du Conseil de sécurité concernées. La Russie a elle aussi "résolument condamné" ce nouveau test, selon une source du ministère des Affaires étrangères citée par l'agence de presse Interfax, de même que William Hague, secrétaire britannique au Foreign Office.