Une rescapée des camps de prisonniers nord-coréens a raconté mercredi ses 28 ans de calvaire, des années de souffrances et de famine. Hye Sook Kim avait 13 ans et vivait chez sa grand-mère lorsque les autorités l'ont contrainte à rejoindre ses parents dans le camp de prisonniers Gwalliso N°18. Les détenus y étaient traités "plus mal que des chiens", a-t-elle déclaré, en sanglotant, au cours d'une conférence à Genève. Libérée en 2001, elle habite désormais en Corée du Sud.
Mais c'est dans la douleur qu'elle décrit son passé, ces années pendant lesquelles elle a dû assister à des fusillades ou se priver de nourriture pour que ses frères et soeurs puissent survivre. Environ 200.000 prisonniers politiques croupissent de la sorte dans six camps nord-coréens, selon l'Alliance des citoyens pour les droits de l'homme en Corée du Nord, une des ONG qui organisait la conférence à Genève. Beaucoup, comme Kim, ne savent même pas pourquoi ils ont été détenus et risquent la mort s'ils posent des questions aux autorités.
"Il n'y avait jamais assez de nourriture, et beaucoup de gens sont morts de faim. Après avoir vu tant de cadavres, je n'ai rapidement plus rien ressenti", a expliqué Hye Sook Kim, qui a publié un témoignage écrit relatant son expérience. "Les prisonniers ne connaissent pas la signification des 'droits de l'homme'", ajoute-elle. "J'ai vu ma première exécution publique quand j'avais 13 ans. Tout le monde dans le camp a dû venir y assister", a-t-elle encore déclaré. Son frère et son mari ont été tués dans des accidents miniers dans le camp.