Le nom de Bo Xilai n’a pas été prononcé une seule fois. Pourtant, il ne fait aucun doute que le président chinois Hu Jintao a largement fait référence à cet ex-étoile montante du parti et à sa chute dans son discours d’ouverture du 18ème congrès du Parti communiste à Pékin. Devant quelque 2.000 délégués réunis pour une semaine dans le Palais du peuple, sur la place Tienanmen, Hu Jintao a en effet lancé un véritable cri d’alarme contre la corruption qui gangrène le pays.
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"Si nous échouons à traiter cette question correctement, elle pourra s’avérer fatale pour le parti et même provoquer la chute du parti et la chute de l’État", a prévenu celui qui s’apprête à laisser les rênes du parti et du pays au vice-président, Xi Jinping. "Combattre la corruption et promouvoir l’intégrité politique, qui est un sujet majeur de préoccupation politique du peuple, est un engagement clair et à long terme du parti", a promis Hu Jintao.
Bo Xilai, icône des dérives du pouvoir
Quant à ceux qui "violent la discipline du parti et le droit, qui qu’ils soient et quels que soient leurs pouvoirs ou leurs positions sociales", ils doivent "être traduits en justice sans pitié". L’avertissement est presque transparent et vise Bo Xilai, accusé de corruption et d’abus de pouvoir et aujourd’hui au secret. Exclu du parti peu avant l’ouverture du congrès, il doit être jugé prochainement.
Si le pouvoir chinois tape aussi fort sur la table, c'est que d’autres scandales ébranlent le parti. Le New York Times a récemment révélé que le Premier ministre, Wen Jiabao, avait amassé une fortune considérable grâce à des investissements familiaux. L’intéressé aurait lui-même réclamé une enquête au parti, incommodé par ces informations.
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La corruption, un enjeu de poids pour la population
Hu Jintao s’est d’ailleurs fendu d’une remarque faisant indirectement référence à cette affaire, notant que "les dirigeants, en particulier ceux de haut rang, doivent respecter une auto-discipline stricte et veiller à l’éducation et au contrôle de leur famille et de leurs subordonnés. Ils ne doivent jamais chercher à obtenir des privilèges".
En choisissant d’adouber prochainement Xi Jinping, qui se présente comme farouchement anti-corruption, Hu Jintao entend peut-être redorer le blason de la classe dirigeante. Il y a urgence : d’après un sondage du journal chinois Global Times, la corruption est devenue pour les Chinois la première menace pour la stabilité sociale dans le pays.